Bonne petite série B
Une comédie vraiment délicieuse et sans temps mort qui, de plus, bénéficie de trucages remarquables pour l'époque dus à John P. Fulton. Ma note : 7/10
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le 4 déc. 2020
--- Bonsoir, voyageur égaré. Te voila arrivé sur une critique un peu particulière: celle-ci s'inscrit dans une étrange série mi-critique, mi-narrative, mi-expérience. Plus précisément, tu es là au quatrième épisode de la sixième saison. Si tu veux reprendre la série à sa saison 1, le sommaire est ici :
https://www.senscritique.com/liste/Vampire_s_new_groove/1407163
Et si tu préfère juste le sommaire de la saison en cours, il est là :
https://www.senscritique.com/liste/The_Invisibles/2413896
Et si tu ne veux rien de tout ça, je m'excuse pour les parties narratives de cette critique qui te sembleront bien inutiles...---
Et voila. Ça aura duré exactement un film. Un unique film d’épouvante réussi pour la saga invisible de Universal Monsters. Un seul film avant de basculer dans le pastiche, dans l’auto-caricature, dans un manque flagrant de confiance dans son matériau d’origine, et de respect dans ses prédécesseurs. Je suis affligée, dégoutée. Le film de ce soir n’a été qu’un long catalogue de tout ce qu’il aurait pu être, s’appliquant à se saborder tout seul à chaque élan de créativité.
Donc *La Femme Invisible*, troisième titre de la série, ne cherche plus à faire dans l’épouvante, et s’assume pleinement comme une comédie. Malheureusement, là ou je suis convaincue que le film aurait fait un très bon film d’épouvante, il nous prouve du moins qu’il est un très mauvais film humoristique. Les gags sont potaches, et consistent, à 45 % d’entre-deux à faire tomber des personnages, et à 45 % à blaguer sur le fait que le personnage doit être nu pour être invisible. Et pour ceux qui ont suivi, oui il reste 10 % de gags qui auraient pu être bons, si seulement ils n’avaient pas été étirés à outrance, conscients qu’étaient les auteurs certainement de la médiocrité de la majorité des autres blagues. Franchement, la blague de la confusion entre « Kitty » le prénom du personnage et « kitty » le surnom du chat, c’était mignon la première fois, affligeant la deuxième, consternant la troisième.
J’avais invité pour ce quatrième jour, une amie sorcière, l’une de celle qui n’a pas coupé les ponts avec moi depuis mon exclusion du groupe, et qui n’a d’ailleurs absolument que faire de savoir ce que les autres pensent de ses fréquentations. Il peut sembler curieux que je choisisse ce film pour ma première séance accompagnée, mais il faut dire que j’avais de grands espoirs dans celui-ci, dans le sens où j’avais été fascinée par les monstres au féminin de l’an passé, et que j’attendais le retour de mes représentantes avec impatience. Féministe jusqu’au bout de ses longs ongles crochus, ma compagne de ce soir me semblait le parfait accompagnement pour cette séance. Et curieusement, bien que le film soit raté, sa représentation de la femme n’est pas aussi catastrophique qu’il aurait pu le laisser croire.
Bon, je pense malgré tout qu’une grande partie du virement de ton pris par Universal pour ce quatrième film, est du au fait qu’on ne pouvait décemment pas faire croire au spectateur qu’une femme aurait été assez intelligente pour inventer la potion d’invisibilité elle-même, et qu’il a donc fallu mettre un entremetteur de savant fou pour accorder à la belle ce pouvoir tant désiré. Pour autant, notre amie Kitty ne manque ni de caractère, ni d’esprit. Elle sauve la situation une ou deux fois, ce qui est évidemment plus facile quand on a le don d’invisibilité, mais suffisamment rare pour une femme chez Universal pour que le point soit soulevé. L’intermède sur les femmes travailleuses, ne nous mentons pas, reste extrêmement superficielle et se veut surtout être un pur moment burlesque, n’empêche que le sujet est soulevé et qu’un certain parti est pris, ce qui est assez surprenant et agréable. Du reste, l’histoire d’amour est expédiée (elle a des belles jambes, donc c’est bon je peut l’épouser ; il a trouvé que mes jambes étaient jolies, donc c’est ok on va se marier). Et la séquence de la robe est si stupide qu’elle ne mérite même pas qu’on s’y arrête. Enfin si, arrêtons nous tout de même, c’est pas si souvent qu’on arrive à faire encore plus cliché que La Belle et La Bête. D’abord, c’est clairement une robe de mariée qu’elle porte, donc ça n’a absolument aucun sens dans ce contexte. Mais surtout cette scène était censée être la découverte de son visage tant désiré par un Roméo déjà épris, il l’aurait trouvée belle quoi qu’il arrive, et la scène aurait eu mille fois plus de sens si elle n’avait porté que des vêtements ordinaires, montrant en plus un revirement de comportement archi-classique mais toujours efficace de la part d’un personnage qui arrête de regarder l’artificiel pour se concentrer sur l’essentiel. Là, la pauvre fille brille tellement dans tout les sens qu’on ne voit littéralement pas son visage ! Ça n’a pas de sens et ça me met en rogne que le film soit capable de dire de manière aussi décomplexé que la beauté d’une femme est proportionnelle au prix de la robe qu’elle porte.
Je ne peux cependant pas interrompre cette critique sans avoir évoquer une tragique ironie. C’est au moment ou Universal ne cherchait plus à faire peur avec l’homme invisible qu’il a trouvé comment le rendre effrayant. Ce chapeau à voilette est un masque bien plus glaçant et raffiné que le combo bandelettes + faux nez dont les hommes devaient se grimer pour masquer leur invisibilité. Je n’ai pu m’empêcher d’imaginer, à chaque fois qu’elle portait ce couvre-chef, à quelle point elle aurait pu sembler terrifiante si on avait donné une once de crédibilité au personnage.
J’ai raccompagnée mon amie dans l’une de ces nuits froides mais douces dont toute l’alchimie se définie dans le simple mot d’ « automne ». Malgré la médiocrité du film nous avions passé une bonne soirée, et nous avons plaisanté sur l’inattendu pouvoir horrifique du chapeau à voilettes. Nous n’avons pas reparlé de la question que je lui avais posé plus tôt et auquel elle n’avait répondu que par un silence gêné. J’étais pourtant convaincu qu’elle aurait pu me répondre. Si l’invisibilité passe par une concoction comme semblent s’y accorder littérature et cinéma, et même si ladite formule repose plus sur la science que sur la magie noire, je suis convaincue que les sorcières aurait eu vent de la chose, et auraient cherché à s’en emparer. Mais évidemment, elles ne révèlent pas leur secrets si facilement, j’en avait déjà fait l’expérience. Je n’aurais pas du poser la question, aussi je ne me suis pas risquée à la reposer. Pourtant en rentrant chez moi, un petit morceau de papier parcheminé était posé sur la table de la cuisine. On y lisait une adresse, et au dos « surtout n’y va pas les mains vides ». Quelques instants plus tard, l’encre se dissolvait comme si la pluie était en train de tomber dans la cuisine. Puis le morceau de papier s’est enflammé est s’est consumé d’une jolie flamme bleutée. Bientôt il ne restait plus de tout ça qu’un petit tas de cendre, qu’un mystérieux courant d’air à fini d’emporter.
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Créée
le 21 oct. 2021
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