Bizarre, bizarre, vous avez dit bizarre, pourrait être le point de départ de cette Femme sans tête, tant nous sommes plongés, dès le début dans une ambiance étrange où la principale intéressée perd ses repères et se retrouve quasi étrangère à elle-même et aux autres.
Que s'est-il passé dans la vie de cette femme ordinaire, de cette bourgeoise argentine bien intégrée à sa famille, pour qu'elle nous offre ce regard perdu, ces silences et ces non-dits qui tranchent sur la vie et l'agitation de son entourage ?
Un simple choc en voiture, qui n'a peut-être tué qu'un chien, mais c'est la perception qu'elle en a eu qui va la transformer en une sorte de zombie.
A-t-elle vraiment causé un accident comme elle le prétend ?
Nous n'en saurons rien et si les autres oeuvrent pour elle, c'est bien sa peur et elle seule qui va lui permettre de transformer sa vie pour prendre un autre chemin, changement que symbolise le retour à sa teinte naturelle, de blonde elle redevient brune : retour vers le passé, occultant cet épisode déstabilisant de sa vie pour tenter d'en retrouver le cours normal.
Un film très symbolique, étrange, mais pas inintéressant, qui outre l'étude du bouleversement de la perception chez un être qui a vécu un événement violent, s'intéresse aussi aux mécanismes assassins d'une société éminemment complice de la dictature, et ce par sa passivité.