Qu'on l'aime ou non, cette adaptation de La ferme des animaux devient bien plus fascinante une fois que l'on sait que la CIA a financé le film à hauteur de 300.000 $. En effet, en plus de ne pas mentionner Pilkington et Frederick, qui symbolisent pourtant le Royaume-Uni et l'Allemagne Nazie, la fin se révèle complètement différente, occultant la coopération entre les cochons et les humains (je traduis pour les deux du fond : la compatibilité entre le stalinisme et le capitalisme), pour nous présenter des cochons uniquement, ainsi qu'une scène de rébellion menée par l'âne Benjamin, qui devient ainsi le grand héros de ce film. Je suppose que l'iconisation de Benjamin est un hommage à George Orwell, puisqu'il est communément admis que l'âne est sa représentation dans le livre original, tout du moins l'animal qui se rapprocherait le plus de l'auteur… il aurait été sacrément content ! (je déconne, il doit certainement encore se retourner dans sa tombe à l'heure qu'il est)
Sinon, l'animation fait très pauvre par moment, on sent qu'on est face à un faible budget. Ça ne me dérange pas tant que ça, bien que certains plans ne soient pas agréables à regarder, notamment à cause de leur manque de détails, parce qu'ils font "trop vides".
Le film se révèle par contre plutôt violent, à priori, ce serait le "premier film d'animation pour adultes" : il y a une scène dans laquelle les chiens de Napoléon assassinent gratuitement la chatte de la ferme. D'ailleurs, Boule de neige meurt aussi dans cette adaptation, lui aussi assassiné par les chiens de Napoléon (je suppose que c'est pour être bien raccord avec la réalité) ; ainsi que Monsieur Jones, qui se fait exploser avec le moulin (sûrement un hommage aux célèbres kamikazes japonais)… on s'écarte ainsi du décès dans un foyer pour alcoolique. Pour le coup, pourquoi pas ?
J'ai plutôt apprécié le film, mais encore une fois, la CIA en ayant financé une partie (dans le cadre de l'Opération Mockingbird, merci Wikipédia), je suis ressorti avec un certain goût de cynisme en bouche une fois le générique terminé. J'aurais donc vraiment du mal à conseiller ce film à n'importe qui, notamment parce que je pense qu'il faut un certain recul, une certaine appréhension, avant de le visionner. Sinon, c'est un coup à finir comme certains des QI à deux chiffres de Twitter, persuadés que 1984 est une simple critique du stalinisme.
Circonspect est le mot.