On touche le fond

Malgré des échecs commerciaux assez importants, les Classiques Disney du Troisième Âge Noir ont tous été au fil du temps soit réévalués soit dotés d'une petite fanbase leur permettant de ne pas tomber totalement dans l'oubli. Il n'en est rien pour La Ferme se Rebelle.
Déception financière de masse et lynché par les critiques, c'est dès ce film que nous avons tous cru que les Walt Disney Animation Studios étaient bel et bien morts.

En étant honnête, même les Classiques Disney les moins réussis comme Taram et le Chaudron Magique tentaient quelque chose. Ils proposaient une nouvelle approche du genre disneyen en apportant leur lot de nouveautés. C'était raté mais c'était bien tenté.
La Ferme se Rebelle, non content d'être le film le plus vide de la boîte aux grandes oreilles, n'offre rien, n'essaie rien, il se contente de suivre à la lettre ce que le script indique sans vouloir aller au-delà. Et vu que le script a sûrement été bouclé en 10 minutes, ça n'aide pas.

Pourtant, au vu de sa prémisse, il y avait moyen que La Ferme se Rebelle soit une comédie déjantée digne de Kuzco: L'Empereur Mégalo. Certes, on est en droit de s'attendre à quelque chose d'un peu plus ambitieux pour une production Disney mais Kuzco avait bien surpris son auditoire donc ce n'est pas impossible de réitérer l'exploit. La Ferme se Rebelle n'y arrive pas pour une bonne raison: il est sacrément mou du genou.

Pour une comédie qui s'est surtout vendue sur son rythme effréné et ses blagues qui fusent à 100 à l'heure, la déception n'en est que plus grande. Pire encore, le film a tendance à se prendre bien trop au sérieux pour qu'on soit pleinement investi dans les (très rares) moments délirants tels que la scène où Alameda Slim hypnotise les vaches en chantant dans une séquence bien nawak. Il faudra attendre le dernier quart d'heure pour que le film se "réveille" et soit un peu plus dynamique. Pour le reste, La Ferme se Rebelle est incroyablement paresseux. Un comble!

Cet ennui mortel et ce délire non-assumé rendent les personnages encore plus creux qu'ils ne le sont déjà. Impossible de s'attacher au trio de vaches tant elles sont inintéressantes à souhait (et laides bon sang! C'est quoi ce character design?!). Et le pire c'est qu'il y en a des personnages! Il y en a même trop! La moitié, voire les 3/4, ne sert à rien en plus d'être totalement transparente et oubliable (et l'exposition de certains est complètement ratée, particulièrement le lapin).

Mais on en vient à la plus grande question qu'on se pose durant le film: Où sont passés les 115 millions de $?! Entre des design hideux, des couleurs fades et des décors vides, le spectateur passe plus d'une heure entière à se demander où est passé le budget. Ceci est malheureusement représentatif du travail de toute l'équipe technique. Personne ne fait le moindre effort, personne n'y croit, tout le monde joue la carte de la glande.
Et pas uniquement du côté des animateurs ou des scénaristes. Même Alan Menken n'y met jamais du sien. Comment un compositeur aussi talentueux peut-il se retrouver sur un projet aussi banal et sans ambition? À l'image d'ailleurs des chansons qu'il a composé, jamais ratées, juste plates.

C'est avec cet échec cuisant que les Walt Disney Animation Studios décident d'en finir avec la 2D et de passer définitivement à la 3D. Un triste adieu il faut le dire faisant alors présager le pire pour Chicken Little. Mais fort heureusement, l'honneur sera sauf quand en 2008, alors que le Quatrième Âge d'Or s'apprêtera à commencer, Disney annoncera finalement La Princesse et La Grenouille et Winnie L'Ourson pour conclure véritablement l'ère de l'animation traditionnelle chez le studio.