La Fiancée de Frankenstein par Le Blog Du Cinéma

(...) James Whale a un univers bien à lui, mais à l’inverse de ce que fera plus tard un Tim Burton (qui revendique clairement l’influence de la série Universal Monsters), il a l’intelligence de s’adapter au récit et de ne pas balancer son univers gothique à toutes les sauces ; l’Homme Invisible bénéficiait donc d’une sobriété bienvenue. Mais avec La Fiancée de Frankenstein, le metteur en scène se lâche complètement et ce dès les premières secondes ; décors gargantuesques, composition musicale sinistre et grandiose alors qu’un lent travelling avant nous rapproche d’un château isolé sur une colline sombre…La direction artistique est d’une générosité folle et parvient en un plan à placer La Fiancée de Frankenstein comme une œuvre visuellement à tomber. Après une brève mise en abîme et un résumé très intelligent permettant au réalisateur de ne pas perdre ceux n’ayant pas vu Frankenstein, le film reprend sur le moulin en flammes et nous revoilà plongé dans un univers gothique dont seul James Whale a le secret. A travers des dialogues grandiloquents dans lesquels l’influence biblique se ressent à chaque instant et une ambiance semi-horrifique semi-irréaliste se mettant en place très rapidement, le réalisateur met d’emblée le spectateur face à tout son talent et ne le lâchera plus durant tout le film. J’en veux pour preuve cette première scène horrifique, qui survient assez tôt dans le récit et est tout simplement ahurissante de modernité ; difficile à croire qu’un film ose en 1935 un découpage aussi audacieux. Une fois de plus, le réalisateur brille par son jusqu’au-boutisme et met en scène des crimes sans concessions, moralement assez éprouvant et qui rejoignent complètement son obsession à mettre à mal les innocents – il l’avait déjà fait dans l’Homme Invisible et dans la scène culte de la fillette de Frankenstein. Mais si, dans le film précédent, la créature était écrite de façon à se rapprocher d’un monstre sans pitié et sans sentiments, la caractérisation prend cette tendance à contre-pied et Boris Karloff peut laisser exploser son immense talent dans un film qui le met bien plus à l’honneur. C’est là toute la petite révolution qu’apporte La Fiancée de Frankenstein au film d’horreur américain ; en plus de permettre au réalisateur de creuser son rapport à l’innocence, le parti pris de faire du meurtrier une victime, de le rendre plus humain et expressif que la plupart des autres acteurs, est un défi réussi et le résultat est irréprochable notamment grâce à une écriture fort bien pensée. Les situations s’inversent, le manichéisme apparent disparaît rapidement au profit d’un doute qui s’installe sur le bien-fondé des actions des uns et des autres, et si la subtilité n’est pas toujours au rendez-vous le procédé est suffisamment osé et bien utilisé pour convaincre (...)

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le 23 oct. 2014

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