La fiancée des andes par anthonyplu
La structure du film est à première vue très basique avec une trame traditionnel : la jolie étrangère s'intègre mal à la vie des paysans, veut retourner chez elle, lutte pour se faire re-connaitre dans le village, prouvera sa valeur et finira par y vivre épanouie.
Mais, la fiancée des Andes est plus riche que ça par sa dimension documentaire qui se substitue à une vraie histoire. On peut presque parler de refus de narration tant les enjeux traditionnels sont absents ou réduits au minimun.
Hani est bien plus intéressé à filmer la vie des indiens et leur folkore sans pour autant versé dans la carte postale touristique. Il y a bien sur une dimension un peu didactique à montrer leur quotidien et différents aspects de leur mode de vie (les champs, les marchés, les séductions, laver les vêtements) mais c'est fait avec respect sans jamais que cela soit forcé ou accentué puisqu'il n'y a pas d'histoire qui rendrait cette intégration artificielle.
C'est en tout cas, pour se que j'en connais, la première fois que je fois un film japonais évoquer un pays et une culture différente de la leur. Celà dit, Hani interroge la place du Japon dans le monde puisque le film évoque la vague massive d'immigrés nippon en l'Amérique latine vers les années 1880. Plus qu'un récit, le cinéaste cherche à filmer un instant présent, un état d'esprit des habitants de son pays, une réalité sociale et politique de la situation des indiens au Pérou avec un regard qui encourage à s'ouvrir aux autres et ne pas vivre replier sur soi (ce que politiquement le Japon a toujours fait). Je me demande aussi s'il n'y a pas un parallèle entre les Quechuas et les Ainous que les Japonais ont tentés de faire disparaitre. C'est justement dans les années 60 que ceux-ci ont commencé à militer pour que leur culture soit préservée. Un sujet délicat qui demeure encore relativement tabou dans la société japonaise.
Avec ce refus de la narration traditionnelle, il est normal qu'on soit puisse rejeter le film (mon collègue d'1kult a véritablement détesté). Pour ma part, passé les 15-20 premières minutes déstabilisantes, j'ai vraiment été sous le charme du portrait de l'héroïne (et de l'actrice), du rythme, la beauté des images (sans exotisme), la musique péruvienne, de la façon du réalisateur d'esquisser la situation des Indiens en quelques scènes. Cela fait oublier les défauts du film comme des raccourcis tout de même gênant ou un symbolisme pas très subtil (le serpent qui provoque l'accident).
J'ai envie de dire que La fiancée des andes est un film tout aussi important, anti-conformiste et contestataire que pouvaient l'être ceux de Imamura ou Oshima.