Certes, Travolta porte bien les chemises pelle à tarte et les pattes d’eph. Certes, son solo de danse est assez mythique. Certes, la bande-son disco est excellente. Pour le reste, le film a très mal vieilli et accumule les lourdeurs. Se voulant fresque sociale d’une jeunesse privée d’idéaux et confrontée aux illusions de l’âge adulte, il pâtit de ficelles grossières, d’un jeu moyen, d’une absence de rythme et d’un manque de recul sur ce qu’il voudrait dénoncer.
Le scénario tient sur le recto d’une feuille de cigarette, le verso étant réservé aux dialogues, indigents au possible. Les personnages sont pour beaucoup un enchaînement de clichés, tous traités avec une balourdise pas possible (la mama italienne grenouille de benitier, le frère moine défroqué, la banlieusarde qui rêve de grandeur, les potes lourdingues...). Égocentriques, superficiels, hâbleurs, sanguins ou niais, aucun n’est attachant. Au passage, notons l’accent italien forcé de Travolta : ridicule, comme toute les tentatives maladroites de cinéma social qui transpirent de différences scènes.
La trame narrative consiste à suivre gaiement toute cette clique a travers un enchaînement de scènes plus insignifiantes les unes que les autres, à quelques rares exceptions. On peine à deviner l’intention du réalisateur et le film se termine laborieusement sur un début de relation a peu près aussi excitant qu’un ballet de feuilles mortes.
Du reste, le film accuse ses 43 ans et dégage une atmosphère réac’ assez désagréable. On assiste pendant 1h50 à un enchaînement de réflexions sexistes, racistes et homophobes assez impressionnant (même pour un film de cette époque). Les femmes sont humiliées, insultées, frappées, harcelées, agressées sexuellement, sans que personne n’y trouve rien à redire. Si le réalisateur a voulu dénoncer quoique ce soit ici, le message ne passe pas. Pire, cette misogynie et cette violence semblent valorisées, présentées comme les fondements de la « coolitude » de la bande d’olibrius dont nous suivons les aventures. Aucun n’est jamais confronté aux conséquences de ses propos. Que le personnage de Tony Moreno ait pu être une icône de virilité et de classe dans les années 70 en dit long sur la culture du viol et le machisme de la société dont nous avons héritée.
« Il faut remettre le film dans le contexte de l’époque ! » dirons certains. Peut-être, il n’empêche qu’avec un regard contemporain (le seul qui soit vraiment pertinent pour juger un film), ces different aspects dérangent. « Saturday night fever » est trop ancré dans son époque et, dénué de qualités cinématographiques propres, se retrouve finalement réduit au rang de « film générationnel » et de témoignage historique. Le film se voudrait « La fureur de vivre » des 70’s, mais se rapproche en fin de compte plus d’un « Rocky » avec des paillettes et du disco.