La Fille au pistolet par Alligator
mai 2010:
Film construit, écrit, pensé et mis en scène uniquement sur le charme, le comique, la puissante personnalité de Monica Vitti qui compose pourtant une jeune sicilienne à la vendetta galopante qui lui impose un éprouvant et bouleversant voyage en Angleterre.
Monicelli hérite d'un scénario pas très emballant, justement parce qu'il repose seulement sur cette trépidante sicilienne. Obsédée par son honneur bafoué, l'exclusion sociale qui en résulte, elle n'a qu'un objectif : tuer l'amant qui lui a pris sa virginité et a refusé ensuite de l'épouser. Obnubilée par cet horizon simpliste, elle en oublie le monde qui l'entoure et essaie de l'aider à s'en émanciper. Ce n'est que très progressivement que la belle ragazza réussit à s'ouvrir aux autres, à s'offrir la liberté de choix.
Sur ce canevas a priori prometteur, le scénario cherche d'abord à faire rire avant d'émouvoir, avec quelques gags qui tournent toujours autour de l'opposition culturelle entre la latinité exacerbée et l'english touch moderne. Aussi le film finit-il un peu par tourner en rond.
Heureusement, la dernière partie du film clôt assez intelligemment l'intrigue et développe de manière plus intéressante le personnage jouée par Monica Vitti.
Heureusement "font du ski", le film repose totalement sur une actrice géniale, au regard envoûtant, aux jambes émouvantes et surtout à la présence gigantesque. La caméra est subjuguée par tant de lumière et de prestance. Vitti bouffe tout l'espace, toute l'image, un phare. Magnifique. Et elle incite un très grand respect de la part des spectateurs, admiratifs.
Un Monicelli mineur et une Vitti majeure.