La Fille de l'eau par Maqroll
Premier film de Renoir à part entière (le premier, Une vie sans joie était cosigné par Albert Dieudonné), La Fille de l’eau est un petit bijou. D’entrée, le ton est donné : une rivière, des paysages de campagne un peu tristes, de charmants villages, une péniche qui glisse, et le charme opère. Car il y a surtout, pour habiter tout cela, toute une humanité qui vit et palpite au rythme de l’eau et des saisons. L’interprétation est à retenir dans son ensemble mais Catherine Hessling se détache pourtant, frémissante de spontanéité et de fraîcheur. On peut constater également ici que le fameux « réalisme poétique » qu’on attribue souvent à Carné et Prévert est entièrement né de la patte de Renoir qui filme comme il respire en jouant sur la lumière et la psychologie des personnages avec un art que n’aurait pas renié son père. D’emblée, Renoir s’affirme comme un très grand et cela ne se départira jamais au fil d’une œuvre certes inégale (sa période américaine par exemple) mais toujours passionnante.