Renoir est un réalisateur on peut le dire extrêmement bg, même son premier film met à l'amande le reste du cinema.
On va d'abord parler de ce qui ne va pas, car un premier film, même de ce génie incontestable, ça contiens quelques défauts.
En fait le film est assez inspiré du cinema de Epstein, et surtout de Cœur fidèle. Mais là où la référence peut être subtile, elle est très mal dosé dans ce film. Le montage par moment est identique à celui de cœur fidèle. Le fameux regard caméra du film de Epstein, qui fait mouche par son inédite présence dans l’œuvre, et par l'apogée lyrique qu'il véhicule, est ici utilisé une dizaine de fois, perdant ainsi tout l'impact qu'il avait dans l’œuvre du réalisateur d'avant-garde. Mais il faut garder a l'esprit qu'un premier film est souvent ultra référencé.
Les films est aussi par moment assez maladroit dans son éclairage, ce qui casse la beauté pure de certains décors et certaines scènes. Le film est de toutes façon loin de la maitrise presque chirurgicale de ses œuvres suivantes. Parfois Renoir s’emmêle les pinceaux dans le montage, ou nous offre des plans qui n'ont pas vraiment d’intérêts. C'est rare mais ça noircit le tableau.
Car mis-à-part ces petites échardes, le film est juste un exemple du talent de Renoir, et introduit les éléments qui font et qui feront la virtuosité de son cinema.
D'abord, ce que j'aime le plus dans le cinéma de Renoir, c'est sa gestion de l'espace. Tout est palpable dans ce qu'on nous montre à l'image, tout est réel, rugueux, beau. C'est un film qui a oublié d'être plat. ici les personnages se cachent, explorent la campagne dans toute sa profondeur. Quand un personnage plonge on sent qu'il a pénétré l'eau dans et de tout son corps. C'est juste une merveille de pureté et de beauté.
Renoir filme aussi l'humain, le paysans, tantôt avec bienveillance, tantôt avec ridicule ou tantôt avec gravité. Car Renoir filme l'homme comme il est, et la femme aussi. Le film est d’ailleurs assez féministe pour l'époque, et on s'attache au sort de cette jeune fille. On dirait l'ange de la vengeance mais sans la vengeance, juste avec des big casses couilles.
Enfin, tout les bons points cités ci-dessus permettent à un burlesque subtil de s'immiscer dans le film, et j'ai adoré voir Renoir jouer avec sa caméra et s'amuser à faire de ces paysans de buster keaton pour quelques secondes.
Bref, film très inventif, que j'aime beaucoup et qui témoigne d talent sans limite du bougre. Et le daron de la fille c'est le meilleur imitateur de caillou que j'ai vu de ma vie.