Une fois l’échec de son « blockbuster » Robot Jox digéré, il s’est passé un battement de quelques années avant que Stuart Gordon ne puisse retrouver un point de chute suite à la banqueroute du studio Empire. Entre-temps le réalisateur a coécrit le scénario de Chérie j’ai rétréci les gosses avec Brian Yuzna qui sera finalement produit par Disney et réalisé par Joe Johnston. Le film sera un succès commercial assez phénoménal et marquera toute une génération de spectateurs ; dont l’auteur de ces lignes ; au point que les parcs Disney en feront l’une de leurs attractions phare en projetant le public à taille miniature dans leurs cinéma 4D. Après être passé à côté de cette opportunité en or qui aurait pu lui servir de tremplin ; même s'il réalisera quelques épisodes de la série TV tirés du film ; le cinéaste va néanmoins se refaire la main sur un téléfilm à destination de CBS. Cependant la chaîne bien moins permissive en matière d’effet gore ne lui permettra pas de livrer ses excès hérités du théâtre grand guignol. Il s’agissait donc surtout d’une reprise en demi-teinte histoire de se remettre dans le bain avant de retrouver le monde de la série bis/B au côté de Charles Band pour son adaptation d’Edgar Allan Poe The Pit and the Pendulum.


Suite à la mort de sa mère, Katherine Thatcher part en Roumanie retrouver la trace de son père qui n’a plus laissé signe de vie depuis plusieurs décennies. Dans son périple, elle sera aidé par un chauffeur de Taxi trop avenant pour être honnête, un ambassadeur américain bienveillant mais naïf ainsi qu’un dandy un peu moins bien intentionné et qui aimerai bien la mettre dans son lit. Mais elle va se retrouver mêlé à un complot fomenté par une horde de vampires dirigé par son paternel le Prince Constantin interprété par Anthony Perkins avec un accent roumain à couper au couteau. Et là comme dans le sketch des inconnus avec les chasseurs, il y a le bon vampire qui séquestre, torture et suce le sang de ses victimes avant de les laisser agoniser, et puis il y a le mauvais vampire, qui torture et suce le sang de ses victimes avant de les laisser agoniser. Rien ne permet réellement de les différencier, si ce n’est que l’un est fait preuve de plus de noblesse et cherche avant tout à assurer la survie de son espèce, tandis que l’autre s’avère déjà plus ambitieux et impitoyable. Une lutte intestine va alors s’engager entre l’amant de Katherine et son père qui cherchera avant tout à la protéger, échappera t-elle à cette terreur insondable ? Choisira-t-elle de rester fidèle aux liens du sang ? Fera t-elle allégeance aux plus offrants en s’abonnant au plaisir de la chaire ? Vous le saurez en regardant vous même ce téléfilm pas bien passionnant il faut bien le reconnaître.


En bon créateur d’atmosphère, Gordon s’attardera surtout à insuffler une ambiance mortifère aux abords d’un cimetière, ou bien dans les rues malfamés de cette ville d’Europe de l’Est où il ne fera jamais bon s’aventurer une fois la nuit tombée. D’autres séquences sont également teinté d’un érotisme sous-jacent inhérent au mythe de Bram Stocker qu’il va chercher à revisiter à une période où le film de vampire revenait copieusement sur le devant de la scène suite au succès de Vampires, vous avez dit vampire de Tom Holland, ainsi qu’Aux frontières de l’Aube de Katryn Bigelow. Suivrons d’ailleurs l’adaptation de Dracula de Francis Ford Coppola, Une nuit en Enfer de Robert Rodriguez, Blade de Stephen Norrington ou même Vampires de John Carpenter. À l’instar de certains de ses homologues américains, La Fille des Ténèbres s’inscrit dans un cadre plus contemporain, plus particulièrement dans le climat délétère du régime communiste alors en plein bouleversement socio-politique. Le film a néanmoins été tourné en Hongrie en septembre 1989 ; personne ne verra la différence ; car la Roumanie ne renoncera officiellement au partie qu’en décembre de la même année peu après la chute du mur de Berlin. Le réalisateur a donc sût profiter du contexte chargé de l’époque afin d’en innerver le récit et d’en livrer une métaphore sur ce groupe de vampires dépossédés de leur château et désormais réduit à subsister en marge de la société loin du faste d’antan. Il va s’en dire que le film serait resté totalement anecdotique sans la présence d’Anthony Perkins devant la caméra mais surtout sans la mise en scène soignée du cinéaste que l’on avait tout de même connu bien moins sage.


Tu veux ta dose de frissons et d’adrénaline pour Halloween ? Rends-toi sur l’Écran Barge où tu trouveras des critiques de films réellement horrifiques, situés à mi-chemin entre le fantasme et le cauchemar.

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le 10 avr. 2024

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