Avis de tempête sur la comédie française : face à la régression continue d’un humour botoxé façon Musée Grévin, rien de tel que le chalumeau dégainé par Antonin Peretjatko.
Première surprise : le renouveau passe par un détour passéiste franchement déconcertant. Esthétique des 70’s façon gendarmettes et Max Pécas, post-synchro volontairement distanciée, accélérés à la Benny Hill, la fougue est celle d’un voyage temporel qui décape, histoire de bien briser tous repères.
Dès lors, attachons nos ceintures, car le road movie sera mouvementé, en luge, à pied, sur la plage ou en plein défilé militaire, en Delorean, (oui, oui, le Dr Placenta conduit une DELOREAN, un moment d’intense émotion) tout y passe.
Les inventions se mutliplie, et sont tellement foisonnantes que toutes ne font pas mouche. Les pavés en mousse qu’on paye en pièces de 0 €, personnellement, j’adore. Le fils déguisé en cloporte abattu par son père, le fameux Dr Placenta, aussi.
Pseudo gauchiste hédoniste, le film propose une trajectoire solaire dans un pays apparemment en proie au chaos : carambolages, choléra sont écartés dès qu’on parle de la quête amoureuse à la poursuite de Truquette.
On flirte, on marivaude, on exerce illégalement la médecine ou flingue au chloroforme sans transition. C’est assez insolite pour que tout passe, suffisamment décontracté pour qu’on ne puisse s’en irriter. Les filles sont jolies, Vincent Macaigne toujours aussi irrésistible.
Petit haiku du portnawak, la fille du 14 juillet est un film atemporel et nécessaire, qui rince de temps à autre le rance d’un cinéma figé, et le surplombe comme les personnages le font sur des magnums de champagne : en lévitation.