Loin du conformisme un peu mou du tout venant de la comédie hexagonale un petit film sorti en 2013 avait fait souffler un joyeux petit vent léger de folie, de liberté et d'anticonformisme. Ce film c'est La Fille du 14 Juillet de Antonin Peretjako qui restera comme un ovni joliment barré et une sorte de WTF libertaire et burlesque en roue libre des plus réjouissant.
Le film raconte la folle cavale estivale d'une bande d'amis en quête d'amour alors que pour cause de crise économique grave le gouvernement a soudainement décidé de raccourcir les vacances et d'avancer ainsi la rentrée d'un mois.
La Fille du 14 Juillet n'est sans doute pas un très grand film et il possède quelques défauts que je qualifierais de très français et un peu agaçants comme son nombrilisme post nouvelle vague, son refus d'esthétisme pour faire vraie ou ses aspects littéraires et verbeux. En plus, il faut bien reconnaître que son scénario faute d'une grande ligne narrative commence un peu à ronronner et tourner en rond au bout d'une heure offrant une dernière partie de film qui commence un peu à tirer à la ligne.
Pourtant je dois avouer que La Fille du 14 Juillet m'a beaucoup fait sourire et même parfois carrément bien marrer. Le film de Antonin Peretjako est une sorte de mélange improbable entre Godard, Tati, Rivette, Boris Vian, Gébé, Pascal Rabaté, Claude Zidi, les Charlots et Max Pécas et le film aligne avec une franche bonne humeur les moments burlesques, les gags surréalistes avec une jolie poésie contestataire. L'humour est certes parfois un peu lourd et très con mais c'est également un immense plaisir de voir une telle suite de situations et de personnages totalement décalés à l'image d'un docteur Placenta joyeusement cinglé. Dans La Fille du 14 Juillet on mange de la soupe de cheval dans des assiettes trouées, on repeint vite fait un mur pour faire un écran lors d'une soirée diapos, on tire sur ses gosses déguisés en cafard avec des balles au chloroforme, on fait des apartés idiots directement vers le spectateur, on claque cinq fois sa portière de voiture avant de partir en vacances, et pas mal d'autres choses très connes mais assez drôles que surtout on ne voit pas très souvent sur un écran de cinéma. Le casting est très réussi avec tout d'abord les deux comédiennes Vimala Pons et Marie-Lorna Vaconsin désarmantes d'un charme charme aussi solaire que naturel , mais aussi Vincent Macaigne et Grégoire Tachnakian qui incarnent la désinvolture d'une jeunesse paumée en quête d'ivresse, d'amour et de liberté. On retrouve aussi Estéban très drôle avec sa voiture électrique de fonction, Norah Hamzawi dans un petit rôle de libraire ou Serge Trinquecoste dans le rôle du docteur maboul placenta.
Rempli de poésie lunaire et de digressions burlesques et surréalistes La Fille du 14 Juillet est l'une des rares comédies française que je revois avec toujours beaucoup de plaisir. C'est le plaisir d'un vent léger dans la lourde chaleur moite d'été, La Fille du 14 Juillet c'est la brise de la Bastille.