Les connaisseurs en classiques anciens hollywoodiens auront remarqué qu'il s'agit d'un remake de High Sierra (mal retitré en français la Grande évasion), réalisé par Raoul Walsh en 1941, avec Humphrey Bogart et Ida Lupino. Walsh réalise donc cette nouvelle version d'un de ses propres films, en transposant l'action du cadre policier initial dans le Far West classique, et en faisant une sorte d'osmose réussie entre le film noir et le western, ce qui donne au film une indéniable originalité. Six ans plus tard, une nouvelle version en mode polar du même sujet sera réalisée par Stuart Heisler, la Peur au ventre avec Jack Palance et Shelley Winters.
Les principaux thèmes du western sont réunis, mais ce qui fait la singularité de ce film, c'est la sensibilité et le romanesque qui l'imprègnent, Walsh y enrichit les rapports psychologiques et ne cache pas sa sympathie pour son outlaw magnifique incarné par Joël McCrea, qu'il rend attachant, une sorte de bandit noble et droit qui au final sera une victime du destin. Le couple Wes et Colorado magistralement incarné par McCrea et Virginia Mayo est carrément sublimé par Walsh qui les conduit inéluctablement vers leur destin tragique, on ne peut qu'éprouver de la compassion pour ce couple d'amants maudits traqué qui au cours d'un final insensé et grandiose, rejoint celui de Duel au soleil, sauf que là, Walsh en fait une scène magnifique chargée d'émotion brute, c'est l'une des plus belles scènes de l'histoire du western, celle d'une odyssée fatale. Un beau western à voir, où McCrea et Mayo trouvaient là leurs meilleurs rôles, ni plus, ni moins.