Le puisatier, c'est l'immense Raimu que l'on retrouve ici en père de famille nombreuse (6 filles) et qui excelle, comme toujours, dans son rôle de bougon au grand cœur. Patricia Amoretti, joué par la charmante Josette Day est la fille du puisatier. Elle vit une passion amoureuse avec Jacques Mazelle, soldat et fils de bonne famille qu'hélas le départ à la guerre écourte. Elle est enceinte. Son père, à qui elle a confié sa liaison, l'emmène chez les Mazelle pour s'expliquer mais ils ne croient pas à la paternité de leur fils, si courtisé par les demoiselles, et leur statut social leur font soupçonner un chantage.
Voilà pour le début de l'histoire de la "fille du puisatier"...
Pagnol aborde à nouveau (Angèle, Fanny) le thème de l'enfant naturel, le célibat des mères. En 1940 où l'action se situe, c'est une situation terrible et la guerre n'y change rien, ne relativise rien. L'enfant est un bâtard, la mère une fille perdue; pas de famille sans chef de famille. Pagnol traite toujours ses personnages féminins-ci avec beaucoup de tendresse, leur sort est tout entier dépendant de leur honneur.
Mais ce n'est pas un vrai drame, comme souvent dans le cinéma provençal: l'authenticité des personnages, leur folklore, leur crise d'orgueil, leur mauvaise foi si touchante; tout y est.
"Oui, asseyez-vous là, sur cette caisse, c'est pas dangereux, c'est de la dynamite".
Le film alterne émotions et rires avec un casting de choix pour ce faire. Outre Raimu, que je trouve particulièrement émouvant ici, viennent s'ajouter Fernand Charpin, qui lui donnait déjà la réplique dans la trilogie marseillaise, et Fernandel qui signe là sa quatrième collaboration avec le réalisateur. On ne s'ennuie pas une seconde, ce qui me faisait peur vue la durée affichée du film (2h50), alors je ne sais pas si j'ai eu une version tronquée (je n'ai pas eu l'impression) mais du générique au mot "fin" il n'y avait que 2h20...
C'est peut être même le Pagnol qui m'a le plus plût, bon disons ex-æquo avec les deux premiers volets de la trilogie marseillaise, c'est tellement culte... Le film parvient à garder sa trame, potentiellement comique, potentiellement dramatique, jusqu'à la fin. Vraiment agréable.