N'ayons pas peur des mots : ce film est sans conteste le chef d'oeuvre de Duvivier, malgré de grands films comme Pépé le Moko, la Belle équipe, Un carnet de bal ou Marie-Octobre... et pourtant il reste paradoxalement assez méconnu du grand public. Pur chef d'oeuvre par son style naturaliste, sa vision désenchantée et cynique de la nature humaine, à travers ces vieux comédiens nécessiteux ayant échoué dans un hospice, qui remâchent leurs souvenirs, leurs échecs, leur amertume, le temps de leur grandeur, ou qui s'enfoncent dans la résignation.
Oeuvre cruelle et nostalgique sur la vieillesse, l'échec et le mensonge, dans un milieu qui n'avait jamais été exploré de cette façon, la Fin du jour permet de formidables numéros d'acteurs, surtout de la part du trio Jouvet-Michel Simon-Victor Francen qui se révèle éblouissant dans leurs rôles de vieux cabotins, méchants et pitoyables. Servis par d'excellents dialogues, ce sont des êtres habitués à jouer la comédie sur scène, qui au seuil de leur vie, livrent leur vérité humaine assez mesquine, passant du cocasse au pathétique. Duvivier prouve aussi qu'il fut un grand directeur d'acteurs.