Le pouvoir du mensonge ou le mensonge dans le pouvoir...

Un tract odieux vient semer la discorde au sein de la famille Charpin-Vasseur au moment où Anne Charpin-Vasseur (Nathalie Baye) est en pleine campagne électorale. Et cela fait remonter à la surface de sombres souvenirs....
C'est la troisième collaboration entre Caroline Eliacheff et Claude Chabrol après "La cérémonie" et "Merci pour le chocolat". "La fleur du mal" se rapproche davantage de "Merci pour le chocolat".
Comme dans ce dernier il s'agit d'une famille bourgeoise recomposée avec des secrets.
Chabrol se régale à brosser un sacré portrait de famille: François Vasseur (Benoit Magimel) le fils de Gérard (Bernard Lecoq) qui a fui en Amérique pour ses études en grande partie pour fuir son père, Michèle Charpin (Mélanie Doutey) fille d' Anne qui envisage de devenir psy et qui est très attiré par François, Anne a pour ambition de devenir maire, Gérard est le patron d'une pharmacie et qui est le personnage le plus antipathique et tante Line (Suzanne Flon) la bienveillante au passé trouble...
Le personnage le plus intéressant est sans doute celui de Gérard parce que c'est le plus détestable: Chabrol a retenu les conseils d' Hitchcock ! Il est hypocrite, coureur de jupons, a un fond méchant dixit son propre fils et à la fin on verra même un autre de ses défauts que je vous laisse le soin de découvrir... Il est campé par Bernard Lecoq qui semble se régaler à jouer cette ordure !
Le film est aussi une peinture intéressante de la politique: la scène de la visite des immeubles d'un quartier plus ou moins délicat par Anne Charpin-Vasseur et son assistant ambitieux Matthieu Lartigue (Thomas Chabrol) est criante de vérité et admirable.
Et puis Chabrol ose aller dans l'interdit avec les relations incestueuses consentantes entre François et Michèle.
Chabrol n'oublie pas pour autant l'intrigue policière: il démarre par la découverte d'un cadavre et s'ensuit un long flashback (le film entier !) pour comprendre comment et pourquoi ce crime a été commis. Sans compter qu'on voit en parallèle les flashbacks de tante Line pour finir par découvrir son effroyable secret...
Pour "La fleur du mal" Chabrol se paye un casting inédit en dehors de son fils Thomas. Outre Bernard Lecoq, on a le droit à Nathalie Baye parfaite en femme politique, le couple Mélanie Doutey-Benoit Magimel excellents en duo qui a conscience de leur immoralité mais qui assume et surtout Suzanne Flon lumineuse et attachante en dame âgée bienveillante mais qui cache la vérité sur des faits passés.
Chabrol fait monter la tension savamment et nous livre un vrai thriller psychologique où rien n'est laissé au hasard.
"La fleur du mal" obtient un joli succès (plus d' 1 million d'entrées !). Comme beaucoup des derniers Chabrol il est à mes yeux largement mésestimé et mérite d'être redécouvert. Pour ma part je le trouve meilleur que certains de ses long métrages considérés pourtant comme meilleur....! Et puis la fin est d'une cruelle ironie: SPOIL pendant qu'Anne gagne les élections ,son mari Gérard se fait tuer, lui qui avait voté contre elle !