James Bond girls
[Article contenant des spoils] L'épisode 3 commence très bien, avec humour. Un garde, clope au bec (on fume beaucoup dans La Flor), passe et repasse devant l'écran, alors que derrière quelque chose...
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le 27 mars 2019
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[Article contenant des spoils]
L'épisode 3 commence très bien, avec humour. Un garde, clope au bec (on fume beaucoup dans La Flor), passe et repasse devant l'écran, alors que derrière quelque chose bouge dans un champ jaune. Une tête émerge, une autre, puis l'une lance quelque chose, on découvre alors 3 couteaux dans le dos du garde, qui s'effondre.
Un peu plus loin, notre commando de filles surveille l'ennemi à la jumelles, l'une d'elles désigne avec ses doigts le nombre de cibles : 2 puis 3. Mêmes lancers de couteaux, nos filles continuent de triompher. Puis c'est une 5ème, l'une de nos quatre comédiennes, qui surveille une route depuis un minicar. Panoramique intérieur dans le minicar pour suivre le véhicule, avant que la jeune femme, muette, qui tire sur sa clope, flingue le gars qui sort de sa voiture.
Pas un mot n'a été prononcé. Drôle et assez palpitant, au niveau des deux premiers épisodes. Trois autres bonnes scènes vont suivre :
- L'une dans un champ où quatre espionnes se mettent en joue mutuellement.
- L'une ou un commando ennemi, chargé de liquider les premières, reçoit une instruction très virile de "la mère" : référence à James Bond puisqu'on est dans le film d'espionnage.
- Puis une scène dans une station-service, où l'une des plus redoutables de la bande se bat aux poings avec un jeune gars, longuement, avant qu'il s'avoue vaincu et se voit administrer un interrogatoire. Pourquoi ce combat de boxe, alors que les filles ont tout ce qu'il faut comme flingue pour obliger notre gars à parler ? C'est typiquement la démarche de Llinás : il insère des scènes incongrues, sans les justifier, pour le simple plaisir de la scène. Parallèlement, il omet des clés sur des éléments centraux du récit : on ne saura pas, par exemple, qui est ce vieux bâillonné, où et pourquoi il a été enlevé... Une scène dans une usine d'armement nous donnera quelque pistes, très incomplètes.
C'est tout le plaisir de cette oeuvre : celui de la digression. Comme dans Les Mille et Une Nuits, Llinás emboîte des histoires les unes dans les autres, en prenant son temps. Il ne se soucie ni de cohérence ni d'efficacité. Ne soyons pas bêtement béat toutefois : souvent, ça marche. Parfois c'est long et ennuyeux. Et plus souvent dans ce second opus que dans le premier.
Revenons au récit : la scène dans la station service s'achève après un moment encore assez drôle, où les quatre espionnes essaient de savoir ce que dit le jeune gars avec un client arrivé là. On découvre qu'ils parlent tranquillement de pèche à la ligne. Décalage savoureux.
Le film se poursuit sur un bon rythme, on reste captivé par la description de "l'homme qui ne rit jamais" (qu'on verra prendre un fou rire un peu plus tard), puis du commando ennemi à un carrefour. C'est assez absurde et rocambolesque. Puis, on suit nos quatre espionnes dans la voiture avec leur captif (beaux plans en profondeur dans le minicar), et, en voix off, le vieux bâillonné délivre un chouette discours sur la voûte céleste.
Coupure, on retrouve le réalisateur, qui fait le point de la situation. Il nous annonce qu'on va retracer le parcours de chacune des 4 espionnes, et qu'il y en a... pour 4 heures ! Ce qui veut dire que cette séquence va déborder sur la 3ème partie puisqu'il n'en reste plus que 2 environ lorsqu'il annonce cela. Ce découpage asymétrique (épisode 1 : 1h, épisode 2 : 2h, épisode 3 : 5h...) fait partie du charme et de l'originalité du projet.
Mais cette description va s'avérer un peu plus faible, chaussant le film de semelles de plomb par moments. Plus de longueurs : la scène dans l'usine d'armement, l'espionnage de la "muette", la longue scène des espionnes à l'aéroclub, l'exposé sur la mouche tsé-tsé, le rêve de la guerillera... Même si, parallèlement quelques belles idées subsistent. Par exemple :
- comment une espionne se retourne peu à peu par simple sympathie pour ses proies ;
- la scène avec Thatcher ;
- le commando des Dalton, qui redonne au film un côté loufoque.
Et puis, la force de cette Flor, c'est l'aspect visuel, très soigné. Nombre de plans font mouche, surprennent, stimulent le spectateur par moments apathique. Toujours l'usage du flou, qui participe du style de Llinás. Et toujours les comédiennes, toutes quatre épatantes.
Si ce second opus souffre donc de plus de faiblesses que le premier (scènes moins réussies, jeu en français qui sonne souvent faux... les filles ont-elles été doublées ?), l'ensemble reste de très bonne tenue, et le pari fou de Llinás, toujours tenu.
Continuarà...
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le 27 mars 2019
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