Tintin en fleur
L'épisode III n'était donc pas fini : la structure asymétrique se confirme, avec un épisode III très long - les trois derniers seront forcément beaucoup plus courts. Il va même occuper la majeure...
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le 13 août 2023
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L'épisode III n'était donc pas fini : la structure asymétrique se confirme, avec un épisode III très long - les trois derniers seront forcément beaucoup plus courts. Il va même occuper la majeure partie de ce troisième volet. Vous suivez ?!
La Florfait souvent référence à l'univers de Tintin, et l'on pourra s'amuser à chercher les clins d'oeil, semés comme les cailloux du petit Poucet. Outre que le QG se situe à Bruxelles et que le boss des espionnes se nomme Casterman - la maison d'édition de Tintin-, on notera : les imperméables beiges, les avions dans le hangar, le fanon rouge gonflé par le vent (je ne connais pas le mot exact pour ce truc), le type qui espionne derrière son journal, le savant bâillonné inoffensif qui évoque le professeur Tournesol... Et, d'une manière générale, ce mélange d'humour et d'intrigues rocambolesques qui caractérise Tintin. Sauf qu'Hergé ne donnait que très peu de place aux femmes, alors qu'ici elles sont au centre du jeu. Beaucoup de morts aussi, contrairement à Tintin, mais traités de façon très stylisée, sans réelle violence. Ainsi, la séquence, très drôle, des deux espions qui reviennent sur leur pas parce que l'un d'eux "n'a pas bien vu" si le professeur y était : le jeu outré, caricatural, en français toujours, du duo rend la scène burlesque, et l'on n'est pas surpris de les voir se faire descendre (on se souvient alors qu'on a déjà vu cette scène dans la deuxième partie, du point de vue de la "muette").
Ainsi encore, la façon dont le couple d'espions descend avec désinvolture tout un tas de cibles. Cette première histoire est savoureuse : ce duo qui joue au couple amoureux "pour le boulot" le jour mais ne fait rien la nuit... alors qu'ils s'aiment secrètement. Et cette lettre finale, après un invraisemblable jeu de pistes (à la Tintin une fois de plus), et ce qu'elle dit sur l'amour, j'ai trouvé cela assez beau.
Car les textes égrainés par la voix off, avec ce délicieux accent sud-américain, sont de grande qualité : par exemple, le commentaire qui suit un train le long des steppes enneigées de Sibérie, au début de l'histoire de la dernière des espionnes. Très poétique. Après le versant "observation pure", incarnée par l'espionne de Londres ; puis le versant "aventure, guerillera" de celle d'Amérique du Sud ; le versant "tueur froid" que nous venons d'évoquer... la toute dernière incarne le côté administratif de l'espionnage. Il développe le caractère absurde, "kafkaïen" pourrait-on dire, de l'activité : ainsi, lorsque l'ordre est donné de liquider tout le monde ; ou lorsque l'héroïne se met en quête d'un certain Boris sur toute la Russie, en simplement prenant des trains !
Ces épisodes sont entrecoupés de retours réguliers au hangar, avec les mentions "3 minutes avant qu'on vienne les tuer", "au moment précis où on vient les tuer". Entre chacune de ces séquences, on a droit à une heure de diversion pour dresser le portrait d'une des protagonistes. Efficace. Et Llinás continue à s'amuser, à se laisser porter par sa fantaisie, comme lorsqu'il mêle des photos de peinture de Manet aux déambulations de son espionne dans Paris, où quand il fait tirer sans fin les filles du gang venu dézinguer nos héroïnes sur Kurt, envoyé lui aussi pour cela.
Comme d'habitude, la partie s'achève sans réelle conclusion, sur nos quatre espionnes qui tirent, alors que le savant a enfin ôté son bâillon !
Pas facile de repartir sur une nouvelle histoire derrière ça, et c'était le pari de Llinás. Pas totalement tenu, je dois le dire : j'ai eu du mal à accrocher à l'épisode IV. Au début, c'est la mise en abyme, le film dans le film, plutôt drôle, avec l'arrivée d'une nouvelle coproductrice mal accueillie par nos quatre actrices, et le réalisateur qui veut partir filmer des arbres "à cause du printemps". Mais ça se gâte un peu dans la séquence, très longue, où l'équipe est à l'oeuvre le long d'une route : on voit sans cesse les commentaires écrits sur le carnet, entrecoupés de retour à la scène. Drôle un peu, lassant à la longue. Et même si la scène sur la captation des arbres en fleurs est assez réussie, globalement, l'ennui guette.
Comme si Llinás le percevait, il insère une réunion de l'équipe du film qui s'interroge sur la direction à donner à cet épisode IV (on retrouve notre professeur Tournesol, ici en glandeur qui mange des bananes). On décide plus ou moins d'éjecter les quatre actrices, ou du moins de les traiter en "hors champ", pour relancer l'attention du spectateur. Mais celles-ci ne l'entendent pas de cette oreille : elles vont se débarrasser de leurs costumes (gardes forestiers canadiens, indienne, grimage en homme... qui évoquent de nouveau l'univers d'Hergé) pour prendre celui, tout noir, de sorcières à balai. Et c'est reparti pour une nouvelle aventure, avec une improbable équipe internationale de savants, des arbres qui se déplacent et une voiture perchée dans un eucalyptus. Continuarà.
Toujours original donc, mais avec quelques longueurs : même appréciation que pour l'épisode II. A suivre... pour ceux qui ont la chance d'en avoir l'opportunité : dans une ville comme Lyon, l'épisode III n'était programmé que dans un cinéma, à... 10h45. La salle, malgré tout, était loin d'être pleine.
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le 13 août 2023
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