Connaissant encore mal Barnet, je me faisais une joie de cette séance qui démarre magnifiquement avec une première séquence sublime où le jeune couple se retrouve au sommet d'une petite dune surplombant les rives du fleuve. Des compositions lyriques, une photographie virginale jouant sur les espaces vides et le blanc et un montage très sensorielle avec notamment des jump cut très "nouvelle vague godardienne". C'est subjuguant de beauté et de grâce.
Et patatra, le film bascule rapidement dans la propagande sous forme d'un interminable procès politique, façon joute verbale, aux enjeux flous et mal définis. Les uns accusent les autres sans que tout soit claire, et on se retrouve avec 45 minutes de visages, de doigts tendus et mâchoire serrées. C'est certes toujours bien photographié et bien composés mais niveau implications et émotions, c'est zéro pointé. Reste une séquence très dynamique où un paysan se fait courser par une milice dans la steppe enneigée. Bien que tragique, cette aération du récit est une vraie bouffée d'oxygène.
Considéré quelques années plus tard comme trop stalinien (le carton final annonce fièrement l'avènement "de la dictature du peuple"), le film fut bloqué durant de longues décennies avant d'être diffusé de nouveau à la fin des années 90.

anthonyplu
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le 27 nov. 2019

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