Quand je dis "pépite", je parle du film, pas de la pierre précieuse évoquée dans le titre. Quoique le jeu de mot était tentant, si tentant que je n'ai pu m'empêcher de m'adonner à cette petite pirouette de vocabulaire.
Oui, ce film est une véritable pépite. Comme le sont souvent traitées les histoires vraies avec un véritable sens humain. Eh oui, comme je le disais dans mon petit laïus à propos du film "Hatchi" (que vous trouverez sur le site Allociné), les réalisations s’inspirant d’une histoire vraie ont un parfum particulier.
C’est le cas de "La forêt d’émeraude". Tiré d’une histoire vraie ayant eu lieu en 1972, "La forêt d’émeraude" porte un message fort et engagé sans pour autant tomber dans un discours moralisateur qui serait alors synonyme de manichéisme : la lente et inexorable destruction d’un espace vital (le poumon de la Terre) où se côtoient un incalculable nombre d’espèces animales et végétales alimentant une multitude de tribus indigènes vivant en harmonie avec la nature, loin, très loin, tout du moins aussi loin que possible de la civilisation, en tout cas pour la plupart d’entre elles. Non, le réalisateur se contente de montrer les choses telles qu'elles étaient, et le pire est que rien n'a changé car ce sujet est toujours d'actualité presque 40 ans plus tard.
Outre un film d’aventures très réussi, John Boorman nous propose ici une histoire colorée, forte en émotions, dans laquelle Tomme (Charley Boorman) y est un personnage plus qu'attachant.
Il a appris à vivre en parfaite symbiose avec la nature au sein de la tribu des Invisibles, une hygiène de vie que même son père qui finira par le retrouver au bout de 10 ans d’interminables recherches n’arrivera pas à faire revenir vers ce que nous appelons la civilisation.
Entre les décors qui nous font voyager à travers l’Amazonie, des maquillages sublimes, des interprétations exceptionnelles par Charley Boorman, Powers Boothe dans son meilleur rôle, une réalisation parfaite et maîtrisée de John Boorman, et une photographie très inspirée, nous ne pouvons qu’être émerveillés devant cette plaidoirie quant à la forêt amazonienne, à condition toutefois que le spectateur soit sensible à cette cause devenue pourtant plus que préoccupante.
Autant dire que ce film profondément humaniste est à voir absolument. Résolument dépaysant, c’est l'un des plus beaux films d'aventures jamais vu, accompagné qu’il est par une douce musique digne des titres destinés à la relaxation. Pour finir, je dirai que l’authenticité a su être préservée en gardant les dialogues des indigènes en version originale sous-titrée.
Et pour ceux que ça intéresse, il a été décliné en livre par Robert Holdstock en 2003, procédé plutôt rare car ce sont plutôt les films qui s’inspirent des livres et non l’inverse.