Bon, je lui mets quand même 1 parce que certains exploits du garçons ne peuvent être scénaristiquement expliqués que par l'authenticité de ses visions "magiques". Mais je ne comprends pas pourquoi, caché derrière le prétexte politiquement correct de dénoncer le génocide des indiens d'Amérique, le réalisateur s'acharne autant à décrédibiliser leur culture jusqu'à la rendre illégitime.
En effet, leurs croyances sont ouvertement présentées comme la confiance d'ignares en de vulgaires artifices de charlatans. Par exemple, nous avons droit à une démonstration de guérisseur de la part du chef de tribu, qui ramasse "discrètement" une braise pour simuler l'apparition de fumée, allant même jusqu'à brûler le père (qu'il est censé soigner) par maladresse ! Quel respect pour la médecine millénaire toujours incomprise par la science actuelle... Pas sérieux, mais, pour le coup, la meilleure scène du film à mon sens.
Les rituels religieux consistent à se tordre de convulsions après avoir sniffé une sorte de drogue, un peu comme un cocaïnomane en pleine rave partie mais en version "sauvage". Bref, de vrais primitifs qui sautillent avec des lances, comme dans le pire des clichés; et dont la seule différence factuelle avec la tribu des "méchants" est de ne pas boire de sang.
On apprendra aussi que le toucan annonce le malheur, et que l'homme blanc est un peuple de "termites" parce qu'il ronge la forêt comme les termites. Quelle poésie!
Les femmes, quand à elles, semblent toutes jeunes, baisables et disponibles. Pas besoin de soutenir le regard d'une vieille chelou avant de se taper une de ses filles (ou deux). "Tu as besoin?" te demande l'amazone servile. Alors fonce, aller simple vers le paradis de la naïveté pour importer les évolutions de la supériorité intellectuelle occidentale. C'est un acte humanitaire!
Le film ne déploie d'aucune autre dimension émotionnelle ou sociologique. On en est presque à regretter l'absence d'une scène où, dans un festival carnavalesque de partage des cultures, le père leur aurait fait découvrir l'alcool.
Sans artifice cinématographique de type flash-back, ni même modifier les dialogues, il aurait été possible grâce au seul jeu d'acteur de rentrer un peu plus en profondeur dans l'histoire (pourtant vraie!). Mais il ne faut pas trop en demander : John Boorman n'a même pas lu l'article du Los Angeles Times dont s'est inspiré son scénariste, alors on ne saura jamais ce qu'ont bien pu penser les personnages; sinon qu'un bon vieux barrage est plus solide qu'un putain de "mur de bûches".
Je ne sais pas si John Boorman s'est renseigné sur les indiens avant de tourner, ou s'il a volontairement décidé de les faire passer pour des cons : dans ses interviews, il dit avoir été charmé par l'Amazonie dont il ne parle que comme d'un décor.

PS : La scène de déforestation en intro n'a vraiment pas l'air d'une reconstitution, au passage.
Henri_Cadet
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le 25 juil. 2014

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le 25 juil. 2014

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Henri Cadet

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