⚠️ Une maintenance est prévue ce Mercredi 4 décembre de 9h00 à 13h. Le site sera inacessible pendant cette période.

There's everything nice about you

Une histoire toute bête d'un couple qui se découvre, pas de pitchs ni de twists inventifs, pas de retournements compliqués ou de technologie d'aucune sorte, pas d'artifices de scénario. L'amour tombe du ciel, les mois passent, le travail est aliénant, la famille s'agrandit, l'argent ne tombe pas du ciel, John et Marie sont heureux à la fête foraine.

John est insouciant et rêve d'être un grand homme. Il trouve que Marie est la plus belle femme du monde. Il jongle et joue du banjo parfois, presque pour montrer qu'il fait quelque chose. Marie est très amoureuse et aussi très courageuse. Cela l'aveugle un peu, ou bien c'est simplement qu'elle sait ce qu'être heureuse. Et tout est comme ça. On nage en pleine romance d'un couple ordinaire pendant toute la première demi-heure.

Au milieu de la foule de la grande ville, du train, du bateau, des transports, de la rue, du travail, du théâtre, etc, ils se retrouvent dans leur petit appartement où King Vidor nous attache à eux irrémédiablement entre touches comiques attendrissantes et réalité du quotidien. Les mois passent vite et leur union se fortifie avec l'arrivée d'un fils puis d'une fille. Pourtant, ils semblent de plus en plus seuls et fragilisés. Pas d'amis, pas de folie, la vie est brutale, les illusions s'effacent et le moindre évènement devient le notre jusqu'à en tomber muet d'hébétude.

James Murray est irradiant. John est un pur chieur mais pétri de tendresse et de bonne humeur. Eleanor Boardman est naturelle. Marie est une femme simple, au dévouement bien trop old school mais qui rayonne de féminité. On pourrait les regarder exister encore bien plus longtemps au milieu du grouillement de la vi(ll)e, ils ne pourraient pas davantage nous rappeler qui nous sommes.

Toute la mise en scène n'est que détails, minutie du cadre et expressions subtiles du visage, à en finir par traquer l'écran du moindre soubresaut de sourcil qui se fronce ou de doigts qui s'agitent. Le film fait des sauts de mois en mois et King Vidor montre toujours la foule compacte, l'échelle motrice de l'existence dominant l'échelle humaine plus fragile. Une masse anonyme entoure leur flamme qui devient précieuse à nos yeux, au milieu de quelques cadrages d'habitations hallucinants de géométrie massive et de quelques travellings "ouverture de mâchoire" dantesques pour un film de 1928. C'est du petit lait. Musique parfaite qui colle à l'image. Pas une seconde d'ennui. Grandiose.

***spoiler***
Ironie finale, un slogan publicitaire peut faire votre bonheur.
J'ai un peu pensé à L'île nue...
Je sais maintenant d'où vient le génie de cette phrase reprise dans Old Boy et portée au culte depuis : "Ris, et le monde rira avec toi. Pleure, et tu seras le seul à pleurer."
drélium
10
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à ses listes Top de mon édification Torpennienne, °Chroniques de classiques, Top 30 Muet, 3 ans et Les films de BiTS

Créée

le 26 nov. 2011

Critique lue 2.5K fois

79 j'aime

17 commentaires

drélium

Écrit par

Critique lue 2.5K fois

79
17

D'autres avis sur La Foule

La Foule
guyness
10

Le venin

Il est des films qu'il ne vaut mieux pas voir. Des œuvres dangereuses. Parce qu'après les avoir vues, tu ne pourras plus jamais prétendre être tout à fait le même, sans passer pour un menteur de...

le 21 juil. 2013

82 j'aime

42

La Foule
Sergent_Pepper
9

Le combat ordinaire

(Série "Dans le top 10 de mes éclaireurs" : guyness, Kalopani) John nait avec le siècle et va l’incarner : obsédé à l’idée de « devenir quelqu’un », il rejoint la foule des individus en quête d’une...

le 11 mai 2014

80 j'aime

5

La Foule
drélium
10

There's everything nice about you

Une histoire toute bête d'un couple qui se découvre, pas de pitchs ni de twists inventifs, pas de retournements compliqués ou de technologie d'aucune sorte, pas d'artifices de scénario. L'amour tombe...

le 26 nov. 2011

79 j'aime

17

Du même critique

Edge of Tomorrow
drélium
7

Cruise of War

Personne n'y croyait mais il est cool ce film ! Dingue ! On aurait juré voir la bouse arriver à 100 bornes et voilà que c'est la bise fraîche ! Doug Liman reprend pourtant le concept de "Un jour sans...

le 23 juin 2014

202 j'aime

31

World War Z
drélium
2

Brade pire.

Misérable. Pire film de zombies. Je m'attendais à rien et j'ai eu rien. J'ai même eu plus que rien, ou plutôt moins que rien. Il n'y a rien. Les seules scènes valables sont les trois moments...

le 5 juil. 2013

180 j'aime

66

Requiem pour un massacre
drélium
10

Va et regarde la guerre

Il y a peut-être un micro poil trop de gros plans de visages pétrifiés qui mettent en évidence un fond légèrement binaire comparé à d'autres œuvres plus ambigües et analytiques. Il n'est pas question...

le 27 avr. 2011

175 j'aime

18