Dans La Fracture, deux univers se heurtent lors d'une nuit très agitée au service des urgences à Paris. D'un côté, Raf (Valeria Bruni Tedeschi), dessinatrice bourgeoise, égocentrique, au bord de la rupture avec sa compagne Julie (Marina Foïs) et sans doute défoncée aux anti-dépresseurs à longueur de journée. Raf est transportée aux urgences pour une fracture du bras suite à une chute. De l'autre côté, Yann (Pio Marmaï), routier naïf mais surtout en colère et venu clamer cette colère lors d'une manifestation des Gilets Jaunes sur les Champs Elysées. Yann se retrouve aux urgences suite à une blessure à la jambe après une charge de CRS. Entre eux gravitent tout l'écosystème surchargé de l'hôpital, soignants et patients.
Raf et Yann sont clairement identifiés comme les deux protagonistes du film. Et pourtant, je n'ai pas ressenti une once d'empathie pour ces personnages, tous deux profondément détestables. Pour moi, la vraie fracture, le véritable protagoniste du film, , c'est l'Hôpital, personnifié par le personnage de Kim (Aissatou Diallo Sagna), soignante enchainant sa 6ème garde d'affilée et autour de qui cette nuit aux urgences va s'articuler. Mais alors pourquoi avoir choisi de présenter cela via le prisme d'une farce sociale opposant la petite bourgeoisie et le prolétariat ? Je n'ai rien à reprocher aux acteurs qui jouent très bien leurs rôles mais je ne les trouve jamais touchants, jamais drôles et je trouve que ça dessert l'impact du récit. Les seuls moments forts du film sont pour moi, les moments qui retranscrivent l'état des urgences et le déclin du système hospitalier, et "heureusement", il y en a de nombreux . Le message est louable mais la façon de le délivrer m'agace. Et quand on se rend compte que la scène la plus touchante du film est servie par un personnage qui n'a seulement que quelques lignes de dialogue (genre 3/4 max) ô combien poignantes, on se dit que les deux énervés, Raf et Yann, ne servent vraiment à rien dans ce film... La Fracture aurait pu être un immense film coup de poing, intense et haletant, mais le soufflé retombe trop vite à cause d'un humour qui me laisse en dehors.
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