Gilets jaunes et blouses bleues, un soir de manifestation violemment réprimée, au sein d'un hôpital en grève mais où les urgences fonctionnent toujours, bien obligé. Le côté documentaire de La Fracture avec son caractère d'urgence(s) côtoie un arc narratif traditionnel qui mélange toutes sortes de populations amenées à se rencontrer en l'espace de quelques heures. C'est souvent le chaos dans La Fracture et cela occasionne quelques scènes fort drôles même si on n'oublie jamais l'aspect social et politique, assez clairement énoncé par le film de Catherine Corsini. A vrai dire, il y aussi quelques moments d'hystérie, nettement moins contrôlée et l'on sait que dans ces situations-là il ne faut pas laisser la bride sur le cou à Valeria Bruni-Tedeschi, capable d'aller très (trop) loin. Pio Marmaï est moins habitué de ces excès et le voir en rage est un spectacle autrement plus impressionnant, même s'il lui arrive aussi de surjouer. Mais ce que l'on retient avant tout de La Fracture, au-delà de quelques éléments scénaristiques peu probants (le dingue au couteau, l'accouchement à venir), c'est la description d'un système hospitalier malade et précaire dans une société qui ne se porte pas vraiment bien, non plus (et c'était dans l'avant Covid). Chacun pensera évidemment ce qu'il voudra des situations extrêmes exposées, qui donnent parfois l'impression d'être empilées pour mieux sensibiliser mais l'efficacité du film n'en reste pas moins indéniable.