Statut: Connexion périlleuse avec La French
Jeudi 6 novembre, un mois avant sa sortie officielle, projection en avant-première du nouveau film de Cédric Jimenez, accompagné de Jimenez himself et des deux têtes d'affiche, Lellouche et Dujardin. Ils entrent, ils sont marrants, c'était la perspective d'une bonne soirée et la promesse d'un film animé. Je me suis visiblement fait des idées.
Les premières images me déçoivent, une poursuite en moto, un mort, puis des suites d'images d'époques, de discours du gouvernement et autres outils vus et revus pour mettre en place le contexte effrayant de ces années marseillaises et la French Connexion. La suite est prévisible, la présentation des personnages est basique, les retournements sont attendus, en quelques mots, c'est facile et banal, et la mise en bouche est fade.
Mais la suite dévoile quelques surprises: Le talent des acteurs. Voyons tout d'abord Dujardin, en juge implacable, qui n'est cette fois pas dans un "surjeu" lui réussissant, il est juste, profond et doué. Il transforme le personnage Jean Dujardin en un personnage de Pierre Michel adéquat et bien équilibré. Gilles Lellouche, quant à lui est bon et crédible dans sa peau de méchant mafieux, tant qu'il fait le méchant mafieux. Le drame, c'est pas encore ça. Mais sa prestation est appréciable et il ne fait aucun doute que l'alchimie présente entre les deux acteurs les rend forts et extrêmement présents à l'écran dans tous les sens du terme. Par contre, les principaux second rôles sont une catastrophe. J'accorde mon razzie award du pire acteur à Benoît Magimel, aussi crédible en mafioso que le serait Guillaume Galienne en Rambo. Les deux femmes du film, chacune accompagnante d'un des deux personnage principal, sont aimantes, fidèles et gentilles, et s'inscrivent maladroitement dans le décors. Voilà le mot, la femme de La French est un décors. Mis à part ça, ce sont tous les autres seconds rôles du film, les policiers, figurants et mafieux qui sont surprenants. Ils s'encrent à merveille dans l'univers et l'ambiance reconstituée, ils aident le film à avancer malgré un bon scénario mais bancal et font plaisir à voir. L'accompagnement est copieux et se marie bien avec la suite du repas.
Deuxième point fort, la réalisation. C'était le premier film de Jimenez qu'il m'était donné de voir et quelle surprise! Oscillant entre vieilles techniques et remises au goût du jour, chaque plan est réfléchi et travaillé, du long take à la POV en passant par toute sorte de travelling judicieux, le montage et l'ensemble fonctionnent. Des musiques bien choisies emphasent le tout, malgré certes parfois un trop-plein de fond sonore, et le plat est revigorant.
Mais dommage qu'il soit servi froid. Choux blanc donc. Bien que la bande-annonce m'avait fait croire à un thriller sous tension qui allait me maintenir crispé au siège pendant plus de 2h. Je suis resté de glace. Mis à part un ou deux coups de feu qui m'ont fait sursauter et Benoît Magimel qui m'a bien fait marrer, les émotions et toute manifestation de mon ressenti ont eu du mal à surgir. La tristesse des personnages ou l'adrénaline de l'action m'ont laissé tiède et c'est regrettable. La faute à moi? Sinon à qui? À quoi? Je l'ignore mais l'arrière-goût est amer.
Finalement, c'est pas mauvais. C'est simple, inégal, parfois facile et un peu maladroit mais le talent y est. Des trouvailles intelligentes ou ingrédients de qualité redonnent richesse et saveur à l'ensemble mais, la prochaine fois, il serait agréable de le laisser un peu plus longtemps au four et d'éviter quelques aliments qui se digèrent mal.