Dans ce deuxième long métrage, Bruce Lee passe aux choses sérieuses. Réalisé par Lo Wei, l'acteur dont le personnage, Chen Zhen, sera interprété par la suite par Jet Li puis Donnie Yen, va jouer les élèves vengeurs. En pleine époque de l'occupation japonaise, ivre de colère, seul contre tous, bien décidé à obtenir justice pour lui, les autres élèves et son école, le disciple mène l'enquête. Et ça ne sera pas sans quelques cassages de jambes...


La guerre des écoles


Attention, Bruce Lee met les bouchées doubles dans son deuxième film. Bien plus sérieux que son prédécesseur, nerveux en termes de combats avec des coups semblants êtres portés sur les adversaires, notre petit dragon dirigé par le réalisateur Lo Wei, entend bien critiquer et se venger de l'humiliation qu'avait connue la Chine durant l'occupation Japonaise. Chen Zhen, le héros que Lee incarne, est tout le contraire du personnage de Big Boss. Enragé, violent, refusant de se faire marcher sur les pieds, l'aura pourtant très assombrie de notre personnage brille de milles feux. Il idolâtrait son maitre. Maitre ayant le sens de la justice et de l’honneur, souhaitant par ailleurs que la guerre entre les écoles cesse, que chaques élèves s’unissent. Là, on apprend, on découvre ce que représentait un maitre d’école d’arts martiaux Chinois. Convaincu qu’il y a quelque chose de suspect par rapport à sa mort soudaine, Chen Zhen enquêtera. S’agit-il d’un meurtre ?


La fureur de vaincre marque le retour de nombreux acteurs et actrices de Big Boss. Bien entendu, ici, ils auront un rôle différent, un look différent. Entre l’enquête, les combats, la petite histoire d’amour entre Chen Zhen et Yuan Le-Erh, les manigances de Fan Chun-Hsia et son assistant/interprète Wu (les deux types de l’école rivale), ainsi que la tentative de Fan (nouveau responsable de l’école de Chen Zhen) de retrouver et raisonner Chen Zhen, vous n’aurez pas le temps de vous ennuyer.


Oui, tout comme les autres œuvres de Bruce Lee, c’est vieillot esthétiquement. Les zooms sur les regards entre adversaires, les musiques traditionnelles, les décors semblant fabriqués mains, etc., ça n’est qu’une façade, que la partie supérieure de l’iceberg. Ce qu’il y a en dessous est bien plus intéressant.


La fureur de vaincre, il ne faut pas oublier qu'elle livre l'un des plus beaux combats d'arts martiaux tout films confondu, celui voyant Bruce Lee opposé aux élèves Japonais, encerclé par ses derniers et utilisant pour la toute première fois son célèbre nunchaku. Cette même scène sera reprise dans Kill Bill Volume 1. Deux autres points intéressants, La fureur de vaincre, en plus de nous faire découvrir pour la toute première fois Jackie Chan, âgé de 17 ans, effectué une petite cascade puis jouer les écoliers lors d'un combat d'entrainement, sera le seul et unique film où vous verrez Bruce Lee jouer un personnage vivant une histoire d'amour.



L’important ce n’est pas de se battre férocement, avec rage et
violence, mais de renforcer son corps et son cœur.



Quand Bruce Lee enlève sa veste, tu es déjà mort


Bruce Lee, il n’aime pas qu’on le traite de poule mouillée et qu’on manque de respect à feu son maitre. Au départ, par respect pour ce dernier, pas de bagarres, une tentative de contrôler sa rage. Plutôt difficile quand les membres de l’école adverse vous titille. Pas de bol, ils ont provoqués l’élève le plus indiscipliné. Le préféré, mais le plus rebelle. En apprenant la vérité sur la mort de son maitre, les affrontements seront nerveux. Justice doit-être rendue.


Ne respectant plus les lois, Chen Zhen traquera uns à uns les responsables, quitte à devenir un assassin. De quoi se mettre en plus les autorités à dos. Les Japonais étant les grands boss dans le propre pays des Chinois, ces assassinats seront punis sévèrement. Chen Zhen aura deux chois : Quitter Shanghai ou se livrer aux forces de l’ordre. L’injustice règne en maitre dans La fureur de Vaincre. Difficile d’imaginer ce que vivaient les Chinois à cette époque, mais vous en aurez un bref aperçu ici. Entre les humiliations, la police réduite à l’impuissance, et la corruption, il y a de quoi s’arracher les cheveux.


Bruce Lee, il ne supporte pas l’asservissement de son peuple. Il ne se gênera pas pour faire ce qu’il sait faire le mieux : taper où ça fait mal. Un véritable symbole de la résistance. Telle une sorte de Hitman maitre en déguisement (vieux vendeur de journaux, tireur de pousse-pousse, électricien binoclard), son petit numéro comique allégeant sa personnalité bien sombre montre au final que notre anti-héros quelque peu psychopathe, est un digne justicier masqué.


Sa colère, bien qu'allant à l'encontre de ce pour quoi il a intégré l'école d'arts martiaux, est compréhensible. La fureur de vaincre met en évidence l'honneur, l'importance de la survie des écoles d'arts martiaux, les responsabilités et conséquences, le sacrifice, la haine, les discriminations, la morale de l'époque. La destinée de Chen Zhen est déjà toute tracée, aucun retour en arrière possible et ce, depuis qu’il a voulu se faire lui-même enterré lors de l’enterrement de son défunt maitre. Pure tragédie poétique asiatique.



Mettez vous bien dans le crane que les Chinois ne sont pas des
malades.



Au final, nous sommes face à un authentique chef d'œuvre. La fureur de vaincre, ne fera pas dans la dentelle. La mise en scène nerveuse, sérieuse, les décors chinois somptueux, l'intrigue magnifiquement développée tout comme ces personnages, ces méchants sans scrupules, cette critique de la guerre Japons/Chine, ses dialogues matures et sages, la performance incroyablement spectaculaire livrée par Bruce Lee devenant une sorte de justicier un peu psychopathe sur les bords, cette petite romance tragique et émouvante, l'utilisation intelligente d'effets de zooms sur les regards de nos personnages lors de combats, et cette séquence finale à la fois injuste et terriblement tragique, font de ce film un bijou du genre à se délecter encore et encore.

Jay77
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le 19 mai 2018

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Jay77

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