Ça faisait un petit moment que je voulais revoir le dyptique de Yves Robert La Gloire de Mon Père / Le Château de Ma mère et c'est le fait que Mr Pwasson veuille le voir qui m'a poussé à le faire. Et en y repensant, je m'aperçois que j'ai PAS MAL d'affect avec ces films, surtout le deuxième.
J'ai vu les deux films à l'époque de leur sortie, le 1er lors d'une sortie en famille et le second lors d'une sortie avec la classe. Je me souviens très bien l'avoir vu dans la petite salle de St Georges sur Loire, avec un entracte au milieu (juste après la scène où les deux darons s'entrainent à tirer sur les toilettes) je me souviens même avoir blagué avec une gamine de mon village. Je me souviens avoir lu les livres après, et j'ai peut-être même revus ces films à la télé. Du coup, je comprends que ce film soit encore vivace dans ma tête presque 35 ans après.
Depuis la naissance de mon fils, les blagues sur le fait qu'il apprend à marcher plus vite que prévu m'ont rappelés les scènes où Marcel Pagnol montre qu'il sait lire à 4 ans ainsi que celles où sa mère qui pense que ça va être mauvais pour son développement. Bon, j'ai appris un peu plus tard que la mère de Pagnol était de constitution fragile et qu'elle avait perdu un enfant à la naissance, ce qui explique pourquoi elle est si protectrice avec ses enfants, en plus de montrer qu'en 1900, la majeure partie de la population n'avait pas encore compris tous les concepts autour des microbes.
Alors, oui, c'est passéiste. Ca montre un début de siècle très fantasmé où l'on ne voit pas trop la misère, et la mise en scène d'Yves Robert ne lésine pas là dessus : les gens ont tous des beaux vêtements, les enfants vont au parc pour y faire flotter leurs bateaux, les femmes sont très contentes de leur vie de mère au foyer
Mais il y a un côté très "tranche de vie" que l'on trouvait aussi dans les romans de Pagnol : si vous voulez savoir comment on vivait en 1900, quels étaient les progrès qui comptaient à l'époque (l'arrivé du gaz) comment les enfants y parlaient, les sujets de société (les athées contre les chrétiens) vous avez frappé au bon endroit. Il y a un côté Petit Nicolas dans le fait de voir le monde à travers le regard de deux gosses, avec leur conception bizarre du monde, leur language mal-élevé ("c'est un couillon") et leurs chamailleries. Bon Marcel est vraiment le prototype du bon fils : il est admiratif de son père et hyper protecteur/chevalier servant avec sa mère (à la limite de l'oedipe mais ça ne franchit jamais la frontière du malaise.)
J'ai revu ce film et je l'aime beaucoup. Graphiquement c'est assez beau avec une recréation assez superbe de la "belle époque", les décors sont superbes et ça donne vraiment envie d'aller se promener dans les collines de Provence... qui n'existent plus, une partie de la campagne où le petit Marcel vadrouille fait maintenant partie de la banlieue de Marseille . (Oui, j'ai vérifié sur Google Maps : entre le centre-ville de Marseille et La Treille vous en avez pour 21 minutes en voiture.)
S'il arrive après le premier tiers du film, le sujet c'est surtout la découverte par le jeune Pagnol et sa famille de la vraie Provence, qui de lieu idéal de vacances devient un véritable terrain d'aventure. C'est une grosse révélation, vu que c'est un peu le lieu qui va forger les futures histoires et films du romancier (la femme du Boulanger, Manon des Sources) et marquer toute sa famille (le fait que son frère, bien qu'élevé à la ville d'un père instituteur ai fini sa vie comme chevrier n'est pas pour rien dans cette histoire.) Un monde rural avec ses braconniers, son petit village, ses parties de chasses, ses héros, ses légendes, ses querelles (notamment sur les sources qui sont encore plus secrète que les coins à champignon.) Pour le coup, le film à l'intelligence de ramener des éléments issue du second tome avec le personnage de Lili qui est vraiment utilisé comme un vrai compagnon de jeu, là où dans le roman l'exploration était solitaire.
Le jeu des gamins est bluffant. C'était un point sur lequel le film ne devait pas louper et c'est réussi, aussi bien le gamin qui joue Marcel Pagnol à 5 ans que le gamin qui joue Paul est hilarant. Mais c'est surtout Julien Ciamaca et Joris Molinas qui crèvent l'écran en incarnant Marcel et Lili. Et les acteurs n'ont rien fait après comme s'ils avaient vraiment pas eu le goût de continuer après (fun fact, celui qui joue Paul est maintenant plombier.)
Bon, ça manque de tête connues (le second film va y pallier) mais sur le coup j'ai bien aimé le fait que tout le monde utilise des vrais accents de Marseille, des roulages de "r" et un bon paquet de régionalisme qui font très couleur locale. En lisant wikipédia j'ai un peu au mal au coeur tant ça sentait le "petit monde du cinéma qui se file des roles entre eux et est a" : l'oncle est joué par l'oncle de Vanessa Paradis, la mère de Pagnol par la compagne du PDG de Gaumont, et son père est joué par Philippe Caubère, qui a été plusieurs fois... mis en examen pour attouchement sur mineure. Argh.
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Bref, je vais pas m'arrêter là dessus (tout en espérant qu'il ait la peine qu'il mérite) et je suis assez chaud pour voir le second film qui dans mes souvenirs est meilleur que le premier. En tout cas, moi qui n'ai pas un affect "plus que ça" avec la région Provence-Alpes-Côte-D'Azur (je suis passé deux fois à Marseille et une fois à Nice) j'ai eu soudainement envie d'y revenir et de me balader à travers ses paysages superbes. Le film est parfait pour se foutre dans l'ambiance des vacances et je pense que c'est le genre de long métrage que je vais montrer à mon gamin lorsqu'il sera enfant.