Et au milieu court un homme
Je ne sais pas si France O l'a fait exprès mais cette diffusion est tombée au moment même où Kechiche venait de recevoir sa Palme d'or, une occasion qui est du même matériaux que la palme donc de découvrir ce réalisateur qui a tant enthousiasmé la croisette. Et quelle bonne surprise !
Ce film est d'une spontanéité qui m'a dérouté, fait sourire et émue à la fois. Il y a cette caméra mouvante qui caresse les visages, qui suit ses personnages et qui se place au côté d'une famille recomposée, décomposée, vivante, vibrante portée par des acteurs superbes ! Le cadrage n'est jamais parfait mais il saisit le vif, les silences de Monsieur Beiji, les discussions de chacun, un repas de famille à la manière d'un capteur de réel brut mais travaillé à la fois. Tout aurait pu s'effondrer avec ce film de 2h30 qui passent comme le vent. C'est un film bourdonnant qui réussit d'excellentes scènes,pourtant souvent casse gueule, comme cette scène ,qui fût comme une claque pour moi, où Julia,en larmes, reproche à son beau-père toute l'hypocrisie d'une famille qui tente de rester soudée autour d'un père modeste, d'un homme qui court pour exister ! Un moment vrai, touchant et puissant à l'image du film qui se passe de mots pour atteindre l'émotion, aller au coeur de la famille, où en son centre un homme, pourtant peu sûr de lui, fait s'envoler la ronde de toute une famille unie pour lui venir en aide... Superbement écrit, filmé à l'arrachée certes mais pour mieux atteindre cette force qui se dégage de la vie tout simplement.