Ce n'est pas tant le sujet qui rebute que la façon dont Mauro Bolognini le met en scène. Affectée, esthétisante, sa réalisation étend un voile romantique (au propre comme au figuré) sur des personnages auxquels je n'ai pas trouvé d'autre intérêt, tout au long du film, que la conscience de classes qu'ils manifestent dans un camp comme dans l'autre.
Les Murri sont des bourgeois éclairés, progressistes et, consécutivement, socialistes. Le film montre comment la monarchie, en régime réactionnaire, va châtier le crime passionnel de Tullio Murri en même temps que les opposants au régime. Bolognini voit dans l'assassinat par Tullio de son beau-frère un acte moins politique que sentimental, relativement à la relation de Tullio avec sa soeur Linda....Cette dimension passionnelle n'est d'ailleurs d'aucun intérêt tant le drame des Murri, figé dans le maniérisme du metteur en scène, laisse indifférent, tellement les personnages, humainement, semblent distants, plus théoriques qu'habités. On est bien loin du réalisme sombre et touchant de "La Viaccia" du même Bolognini.
Le magnifique dernier plan sur le beau visage de Catherine Deneuve (avec la mélodie d'Ennio Morricone pour fond sonore) est un court moment de grâce dans un film dépourvu de sensibilité.