Le tour du monde à 80 km/h ou 5 semaines en voiture!

La Grande Course autour du Monde est une petite merveille burlesque et familiale concoctée par le génie qu'était Blake Edwards et qui réjouit encore aujourd'hui par sa bonne humeur, sa mécanique impeccable (scénaristique ou des voitures), ses références multiples et son casting irréprochable.


S'inspirant d'une course ayant réellement eu lieu au début du siècle dernier, Edwards lui donne un ton résolument loufoque et proche de l'univers du dessin animé (chutes, coups et autres accidents n'ont en effet aucunes conséquences sérieuses pour qui que ce soit).
Il met en scène le bien et le mal, la lumière et l'ombre, la beauté et la laideur, la bonne éducation et la mauvaise avec d'un côté Le Grand Leslie, héros immaculé au sourire ultra-bright et à la séduction irrésistible et de l'autre Le Professeur Fate (Fatalitas dans la version française) inventeur de génie toujours de noir vêtu dont les mauvaises dispositions (et un peu de malchance aussi) font toujours rater les exploits, qui triche, ment et déteste Leslie du plus profond de ses tripes.
Le manichéisme digne d'un dessin animé marche ici à plein régime.
Se joignent à chacun d'eux leur second et indispensable bras droit: le légèrement misogyne Ezekiah, géant russe au grand coeur et très protecteur pour Leslie et le petit Max, italien magouilleur et pas toujours très malin pour Fatalitas.
5ème larron de cette course, la journaliste Maggie Dubois, suffragette, femme émancipée, forte tête, manipulatrice et courageuse qui apporte un touche féminine toute aussi délirante au film.


Edwards profite de ces 20 000 km de course pour rendre hommage au cinéma, aux films d'aventures, à Jules Verne mais aussi au burlesque, au slapstick et au vaudeville (si en vogue dans les années 1900), au cinéma muet (le film est d'ailleurs dédié à Laurel et Hardy), au western avec l'escale à Borracho et sa bagarre de saloon d'anthologie, au cinema de cape et d'épée avec une parodie même pas déguisée du grand classique "Le Prisonnier de Zenda" avec faux prince, fourbe baron, duel à l'épée et j'en passe. Cette séquence voit également se dérouler une excellente bataille de tartes à la crème réjouissante au possible et totalement épique. Il faut voir le Grand Leslie, tout de blanc vêtu traverser la bataille sans une tâche, c'est un tour de force (jusqu'à un moment fatidique néanmoins).
Les retournements de situation vont bon train, les trahisons de Fatalitas sont légion et le flirt entre Leslie et Maggie réchauffe le coeur.


Ce film est un tout en 1!


La reconstitution des années 1900 et minutieuse malgré l'air de folie qui traverse le film en permanence que ce soit les tenues, les décors et tout particulièrement les voitures.


Côté distribution on retrouve le duo Tony Curtis / Jack Lemmon qui fonctionne à merveille. Curtis excelle en héros parfait et bondissant (pas une fois il n'ouvre une portière de voiture!) et il arrive à le rendre sympathique. De l'autre côté du spectre, on retrouve Lemmon qui s'éclate manifestement en Pr Fatalitas tout en rire sardonique et sourcils broussailleux. Il incarne aussi parfaitement le Prince de Carpanie au rire hystérique et à l'air niais.
Nathalie Wood est une charmante Maggie Dubois, pleine de charme et de fougue. Elle excelle dans la comédie ce qui me fait penser qu'il est dommage qu'elle se soit quasi exclusivement consacrée au drame durant sa carrière. Son timing est impeccable.
Se joignent à eux, Keenan Wynn presque méconnaissable en Ezekiah parfaitement grincheux et Peter Falk en Max.
Une mention spéciale à Ross Martin (plus connu sous le nom d'Artemus Gordon) totalement à l'aise et parfait en clone de Rupert of Hentzau.


On peut noter que la même année sortira "Ces Merveilleux Fous Volants dans leurs Drôles de Machines" (avec des avions) de Ken Annakin (et en 1969 "Gonflés à bloc" sa suite avec des vélos du même réalisateur) et qui s'inscrit tout à fait dans la même genre et à la même époque.
1965 a donc été une belle année pour la comédie loufoque et familiale.


La Grande Course autour du Monde fait parti de ces films que je connais par coeur. Je l'ai vu un nombre incalculable de fois étant enfant et je ne m'en suis jamais lassée. Je l'ai revu l'autre soir après une longue pause et j'ai ri comme au premier jour et, même plus parce que je ris à l'avance.


Mais la course comme dans le film ne s'est pas arrêtée là. Le concept (et certains personnages avec) sera adapté en dessin animé quelques années plus tard par Hanna et Barbera. Ce sera Les Fous du Volants puis Satanas et Diabolo (mais cette fois H&B iront piocher du côté des Fous volants).

Créée

le 23 janv. 2019

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Anilegna

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