John Sturges a toujours été rempli de bonnes intentions et du souci de bien faire, mais il n'a jamais été un très grand réalisateur. Dans son soucis de faire du spectaculaire, il en oublie le réalisme (comment un officier de l'aviation britannique pourrait-il être quasiment aveugle ?) Et puis cette unanimité dans le camp est touchante : pas d'opposition, pas d'espion, pas de mouchard… Et puis trop c'est trop on trouve tout dans ce camp de prisonniers, ce n'est plus un camp, c'est un super marché !) Alors d'accord on fait avec mais qu'on arrête de nous bassiner en nous disant que c'est inspiré d'une histoire vraie par ce que dans cette affirmation le seul mot important c'est justement "inspiré". Billy Wilder dans Stalag 17 avait remarquablement saisi la condition des prisonniers de guerre dans sa sordide réalité, Sturges lui s'amuse. Il nous faut aussi parler des longueurs : cette longue et pénible scène de distillation et de distribution d'alcool de patates sert à quoi ? Alors prenons le film comme un spectacle, et vu comme ça, ça fonctionne d'autant que la dernière partie qui constitue une rupture de rythme est passionnante à souhait. La grande évasion reste un grand film mais ne peut mériter le qualificatif de chef d'œuvre.