Werner Herzog est un réalisateur qui offre des œuvres puissantes et personnelles. Il parvient à donner une ampleur tellement considérable à certains de ses films qu’ils deviennent des monuments (c’est typiquement le cas de Fitzcarraldo ) .
Il serait bien faux de présenter une filmographie sans fautes, mais force est de constater que Herzog fait ce qu’il veut, que ça plaise ou non.
Cependant, c’est incontestablement dans les documentaires qu’il excelle.


Plusieurs sujets variés ont été évoqué, du plus palpitant au plus improbable. Nous pouvons ainsi être plongé dans différents univers : celui des aveugles, d’enfants handicapés , des volcans , des ours. Nous sommes aussi aisément envoyé à l’autre bout du monde ou en prison . Chacune de ses plongées est fascinante. Étrangement, c’est dans un univers bien improbable que j’ai été le plus transporté : celui du saut à ski.


En 45 minutes, Werner Herzog balance tout son talent pour présenter le portrait d’un champion de la discipline. C’est d’une beauté et d’une sincérité si complètes que cela transforme un sujet si basique en véritable poésie.


Ça commence avec un ralenti en plein saut d’un skieur, avec Popol Vuh en fond sonore, et rien que pour ça, ça vaut le coup. Nous nous retrouvons embarqué pour un fabuleux voyage en terrain inconnu sur le thème d’une des passions du bon vieux Werner. Dans sa jeunesse, il était adepte de ce sport, jusqu’à ce que l’un de ses amis soit victime d’un accident. Alors, il nous montre des chutes. Celles d’un homme qui veut s’envoler, être le plus longtemps dans les airs, aller le plus loin. La peur des conséquences n’existe pas.
En fait, on a l’impression de voir comme un reflet du réalisateur : quelqu’un qui prend des risques pour atteindre son but. C’est peut-être presque une réalité parallèle de Herzog lui-même qui est présentée. Ici, il se contente du rôle de présentateur.


Beaucoup de sensations alors pendant les différents sauts aux enjeux changeants (de battre un record à ne pas aller trop loin…) C’est envoutant est il y a un aspect divertissant à suivre les exploits et les rêves vécus.
Le plus fascinant étant les séquences de vols, on se surprend nous même à rejoindre des hauteurs en termes de ressenti.


Réunissant des thématiques chères à un réalisateur unique, La grande extase du sculpteur sur bois Steiner est avant tout une magnifique expérience inédite, et il devient un incontournable parmi tant d’autres.


Il y a une belle remise en question à propos de satisfaire sa passion ou satisfaire le public. On sera ému par la réponse du sportif, tel ce corbeau dont il raconte l’histoire, et on admirera le parallèle qui peut encore être fait avec le cinéaste.


Cette grandiose morale s’expose alors : Le passionné donne le passionnant.

TheBadBreaker
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le 2 oct. 2017

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