Ce film fait partie de mon "rattrapage culturel" version "un réalisateur = un film."
Scénario :
Jean Gabin passe son temps à aller dans des endroits et à vouloir s'en barrer. Quand on sait que c'est la guerre et que les endroits en question sont des camps pour prisonniers de guerres et bah, on comprend un peu.
En tant que sujet d'étude :
"La Grande Illusion" est un bon point de découverte pour les films de Jean Renoir. Réalisateur dont je n'avais vu, à ce jour, aucun film.
Le film est connu pour être aux yeux de beaucoup de gens comme étant un chef d'oeuvre du cinéma mondial. Je l'ai lu sur Wikipédia, ainsi que pas mal d'analyses du film, notamment la plus connue, celle sur l'humanisme qui se dégage de "La Grande Illusion" : On retrouve ainsi un portrait des différentes catégories de la population française, obligées de collaborer ensemble pour sortir d'un camp de prisonnier allemand. Tous sont bien campés à l'exception du comédien de cabaret joué par Julien Carrette qui est rapidement relou à vouloir pousser la chansonnette à tout bout de champs ou à faire des blagues absolument pas drôles.
Du reste, c'est effectivement louable de présenter à la fois un noble, un roturier, un soldat noir ou un juif, sachant qu'en 1937 à la veille de la seconde guerre mondiale, tout ce beau monde était divisé et se jetait la responsabilité de la monté d'Hitler à la figure. Pas étonnant que ce film ai été interdit quelques années plus tard par le gouvernement de Pétain, même si, au fond, le fait de montrer les allemands aussi comme de braves gens, toujours courtois malgré les ordres du haut commandement aurait pu rentrer dans leur logique.
Ne montrant aucune scène de guerre, le film est principalement réalisé en studio, ce qui le classe à mi-chemin entre le "film d'évasion de prison", la comédie et les chroniques de guerres. A noter que les scènes de fuites de la troisième partie on surement été tournées avec des fonds alpins sur toile peintes ce qui est quand même la classe... Renoir filme le tout sous forme de scènes coupées par des fondus et des ouvertures au noir, un format très classique mais qui est finalement assez reposant pour le spectateur de maintenant (surtout que je sort du visionnage de Playtime où tout n'est qu'un enchainement...)
Mon avis personnel :
A la vision du film, je me suis fait cette réflexion idiote qu'au fond, les classiques d'aujourd'hui sont les films populaires et les "blockbusters" d'hier. Et dans ce film, on est quand même plus proche de la comédie familiale que du film intellectuel : on nous raconte une histoire, avec des personnages haut en couleurs, pas mal de péripéties, il y a des acteurs célèbres à l'époque (surtout Gabin...) et quand même pas mal d'humour, liées aux filouteries pour pouvoir s'enfuir.
La vision des camps de prisonnier de la première guerre mondiale est d'ailleurs tellement "humaine" et les allemands se comportent tellement en "geolier loyal mais pas méchant" qu'un spectateur actuel, habitué à avoir vu des camps de prisonniers dans bien d'autres films, notamment les films sur la seconde guerre mondiale, a tendance à trouver ça douteux voire angéliste. Personnellement, ça m'a un peu fait penser à cette séquence dans South Park où l'oncle Jimbo raconte la guerre du Vietnam à Stan en lui disant "C'était l'enfer : la grande roue était sans arrêt en panne et on avait plus de barbapapa."
Néanmoins, les personnages sont quand même bien campés et attachants et pour un film de 1937 de deux heures, je ne me suis absolument pas ennuyé. Le fait de couper le film en trois parties il y est pour beaucoup mais aussi le fait qu'aucune scènes ne s'étirent et que le film respecte bien ses enjeux.
Bilan : j'aime bien le cinéma de Renoir, que j'ai trouvé très distrayant et je suis curieux de voir un autre de ses films.
PS : Dans une scène on voit un soldat allemand donner au personnage de Jean Gabin un harmonica pour qu'il puisse se distraire au mitard. Ne serais-ce pas la PREMIERE utilisation du fameux cliché du "mec-qui-joue-de-l-harmonica-en-prison" ?