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Des choses gentilles à dire sur ce film :

La Grande Java, c’est tout un paradoxe. On sent à la fois la fougue de la jeunesse des Charlots mis en vedette à l’écran pour la première fois, dans le rôle, rappelons-le, de joueurs internationaux de rugby, et celle de Philippe Clair dont c’est le deuxième film, mais aussi une certaine forme de retenue jusqu’au match de fin du moins où tout le monde lâche tout. On voit beaucoup de n’imp’, oui, mais du n’imp’ presque avorté parfois... résultat probable de la mésentente (pas méchante) entre Philippe Clair et la petite bande, ces derniers faisant presque office d’enfants sages à côté du chien fou qu’est Philippe Clair qui, à l’époque, faisait déjà éclater sa passion pour les rôles de curé.

Le côté un peu bicéphale, voire instable, du film tient aussi à un face à face volontaire ou involontaire entre humour plutôt « traditionnel » dont Francis Blanche s’est fait un représentant et humour plus cartoonesque et absurde qui a fait la marque de fabrique des Charlots. Et à ce petit jeu, Francis Blanche gagne haut la main. À l’inverse des Charlots qui, rodés sur scène, semblent se chercher un peu pour leur version cinéma (d’autant que le projet de film a évolué en cours de route, les Charlots étant prévus à la base pour assurer des parties musicales), Francis Blanche n’a plus rien à prouver à personne.

Ainsi, en incarnant la bonne caricature de baron local/mafieux prétendant aux sièges de maire et/ou député, sans doute les deux, voire plus, rien n’est vraiment défini et on s’en fout, se fait plaisir en renvoyant au vestiaire toute idée de mesure et de subtilité. Qu’il adresse à sa fille un « Dors mon petit chaton miaou ! Miaou ! » à faire rougir Pat Hibulaire, contrôleur de train, ou qu’il gère l’entraînement des Charlots habillé en officier nazi, accent allemand en prime, Francis Blanche se donne à fond et c’est un régal.

Naturellement les Charlots, même en sous régime, ne sont pas en reste. Leur image de grand dadais chevelus à la jeunesse éternelle est posée mais, comme si l’ordre des choses était un peu chamboulé, on a un Gérard Rinaldi un peu en dessous de ce qu’il fait d’habitude, un Luis Rego qui a bouffé du lion, un Gérard Filippelli qui cabotine pas mal et des Jean Sarrus et Jean-Guy Fechner, moins effacés que d’habitude. Un équilibre autre.

Rétrospectivement on considère, puisqu’ils y tiennent l’affiche, La Grande Java comme un film des Charlots, mais c’en est pas tout à fait un. En fait, c’est même pas un film, c’est un lancer de pièce qui a scindé l’univers en deux. Celui où nous vivons, où la rencontre qui a eu lieu lors de La Grande Java est celle des Charlots avec Claude Zidi. Et un autre, où les choses ont collé entre les Charlots et Philippe Clair... Si j’avais accès à une machine à voyager dans le temps, je ferai en sorte que la mayonnaise prenne entre Philippe Clair et les Charlots juste pour voir jusqu’où tout ça aurait pu mener. Parce que tuer Hitler, c’est surfait, et qu’en plus, ça priverait Philippe Clair d’une source de gags non-négligeable...

Je veux jouer au bingo des clichés avec ce film

Le lien pour jouer, c'est là : https://www.incredulosvultus.top/la-grande-java

Ou sinon, je regarde juste les 36 ingrédients du bingo de ce film parce que c'est trop cool

Personnage > Agissement

Bagarre > Enlève sa veste – Émotion > Pique une crise de nerf – N’importe quoi > Tombe dans une poubelle – Ouf ! > S’adosse contre la porte tout juste refermée – Rejoint sa copine dans sa chambre au risque de se faire surprendre par ses remps – Stylé > Demande un truc en claquant des doigts – Tension > Met sa main devant sa bouche ou celle d’un autre personnage pour s’ / l’empêcher de hurler

Personnage > Interprétation

En fait des caisses – Fait un clin d’œil de connivence lourdement appuyé

Personnage secondaire

Foule en délire > Concert, spectacle, manifestation sportive

Réalisation

Fin > Le mot FIN apparaît en toutes lettres à l’écran – Fin > Véhicule ou personnages qui s’éloignent – Habillage > Placement de produits – Tension > Caché·e

Réalisation > Accessoire et compagnie

Pouet-pouet > Déguisement

Réalisation > Audio

Bruit générique > Son de dessin animé : ressort, clochette, etc.

Scénario > Blague, gag et quiproquo

Accéléré (gag) – Comique de répétition – Courent l’un vers l’autre au ralenti sur une plage/dans un champ (gag) – Est bourré·e ou drogué·e (gag) – Est éclaboussé·e par un fluide – Gag avec la police – Gag avec un animal – Gag cartoonesque – Grimace (gag) – Pile poil > Ballon qui aterrit en plein sur la table du p’tit jéj’ – Référence au nazisme ou à Hitler (gag) – Ronflements

Scénario > Contexte spatio-temporel

Partie de boules sur la place publique d’un village du sud

Scénario > Dialogue

Foule en délire

Scénario > Ficelle scénaristique

Cauchemar > Se réveille en hurlant/en sueur/en sursaut

Thème > N’importe quoi

Accessoire > Gaspillage alimentaire

Thème > Rejets, moqueries ou discriminations

Accents étrangers caricaturaux

Thème > Sexisme hostile à l’égard des femmes

Attitude, remarque et/ou stéréotype sexiste – Stéréotype sexiste > Heureusement que les femmes ont les pieds sur terre

Thème > Testostérone

Muscle > Entraînement physique (parfois débile)

---

Barème de notation :

  • 1. À gerber
  • 2. Déplaisir extrême et très limite sur les idées véhiculées
  • 3. On s'est fait grave chier
  • 4. On s'est fait chier mais quelques petits trucs sympas par-ci par-là
  • 5. Bof, bof ; pas la honte mais je ne le reverrais jamais ; y'a des bons trucs mais ça ne suffit pas
  • 6. J'ai aimé des trucs mais ça reste inégal ; je pourrais le revoir en me forçant un peu
  • 7. J'ai passé un bon moment ; je peux le revoir sans problème
  • 8. J'ai beaucoup aimé ; je peux le revoir sans problème
  • 9. Gros gros plaisir de ciné
  • 10. Je ne m'en lasserais jamais
IncredulosVultus
7

Créée

le 5 févr. 2024

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