Il n'a pas volé sa réputation celui-là !
Le début me faisait un peu peur pourtant avec son exotisme un brin colonialiste avec les sempiternels acteurs occidents jouant les asiatiques avec notamment un méchant perfide et sardonique. Et à mi-parcours, tout dérape et on sort des sentiers confortables pour traiter d'une histoire d'amour incroyablement moderne et qui n'aurait pas été possible autrement que durant la période pré-code. Plus que l'amour/fascination interracial, ce qui m'a surpris c'est la dimension quasi psychanalytique de la sexualité et des fantasmes féminins (avec l'audacieuse scène du rêve avec le héros masqué). A partir de là, plus le film avance, plus il devient passionnant en cultivant une ambiguïté et une psychologie complexe, y compris dans les seconds rôles.
Capra excelle une nouvelle fois dans les scènes de foule particulièrement intense avant de basculer vers une photographie incroyablement stylisée pour des décors très sophistiqués (presque trop).
Une sacrée réussite.