C'est pas mal du tout. On joue clairement sur le succès du nanar "La brigade en folie" du redoutable Philippe Clair (paix à son âme), et pourtant on s'y amuse beaucoup plus. Il n'y a pas la vulgarité qui fait le sel des nanars de notre bon vieux pied noir. C'est bien plus léger. On se croirait plus dans une comédie des années 60 que dans les machins bien graveleux des années 70. C'est un film de duo. Le scénario est écrit par les comédiens fantaisistes Grosso et Modo et ils ont fait du bon travail, inventant quantité de gags visuels. Le film se lâche dans le burlesque et c'est vraiment réjouissant. Pour les dialogues c'est tout naturellement qu'on a fait appel à Georges et André Tabet, déjà dialoguistes du "Corniaud" et de "La grande vadrouille". Ici ils sont discrets, on ne sait pas trop ce qui est écrit et ce qui est improvisé par les comédiens. Ils ont dû sentir que le projet était moins ambitieux que chez Oury et ne se sont pas foulés. Le duo Sim-Dufilho qui avait déjà brillé dans "La brigade en folie" est vraiment intéressant. Leur jeu se complètent très bien, dommage qu'ils n'aient pas été réunis plus souvent car ça fonctionne vraiment. Sim est d'ailleurs dans un double rôle et livre deux compositions tout à fait remarquables. Il est vraiment très drôle. Rosy Varte, Jacques Jouanneau, Marion Game, Jacques Dynam, Albert Pierjac et Annick Berger se lâchent complètement pour le plaisir du spectateur. Ils sont tous très bons. Les gangsters sont plus insipides mais ça ne fait rien, les autres sont là ! C'est le producteur Michel Ardan, sous le pseudonyme de Christian Caza qui met tout ça en boîte en se mettant au service du numéro de ses comiques. Mais il y a aussi des partis pris, notamment dans les décors, le choix des couleurs pour s'inscrire dans la tradition du burlesque. Pour un sous-produit dans l'ombre d'un succès populaire il y a vraiment des beaux efforts. Le film a des qualités, on se marre, on passe un très bon moment. Je l'ai même préféré au Philippe Clair, où on se marre de la nullité (inventive certes) du film. Ici on se marre souvent au premier degré. Nanar où pas ? Compliqué. Après comme souvent dans ce genre de film la fin est râtée et bien évidemment c'est pas du haut de gamme cinématographique. Mais c'est quand même un film de destruction burlesque vraiment réjouissant à voir.