Voici un exemple rare de titre français plus réussi et bien meilleur que le titre anglais qui a plutôt tendance à spoiler les 45 dernières minutes du film ; car cette griffe joue également un rôle prépondérant dans le final.
Il s'agit d'un film que je n'avais pas revu depuis bien des années, et qui à première vue semble être une petite série B de peu d'envergure. Eh bien non, tout faux, c'est un film d'espionnage d'excellente facture, de l'espionnage à l'ancienne tel qu'on en voyait dans ces années 60, dans une ambiance de guerre froide très convaincante.
Yul Brynner campe avec tout son charisme un double rôle, dont celui d'un agent de la CIA assez dur et impavide qui colle parfaitement à cette ambiance, située à mi-chemin des premiers James Bond et des romans de John Le Carré, où le monde de l'espionnage y est plus proche que celui de 007, mais avec un scénario qui aurait plu à Bond. Nul doute qu'il l'aurait rendu plus rythmé avec de grosses scènes d'action, mais en l'état c'est pas plus mal car les vrais films d'espionnage ne comportent généralement que peu d'action, il n'y a qu'à voir L'Espion qui venait du froid ou Ipcress, danger immédiat ; tout au plus, y'a-t-il 1 ou 2 scènes marquantes, c'est ainsi qu'est conçu la Griffe, avec un déroulement habilement mené, un suspense remarquable jusqu'au dénouement, et de bonnes scènes comme celle du téléphérique ou celle du piège de la ferme Baumer.
Cette efficacité est due à Franklin Schaffner qui signe avec brio ce film en forme de thriller, qui reste injustement méconnu, sans doute éclipsé par les gros succès de ses films suivants comme la Planète des singes, Patton et Papillon. Tournée dans le Tyrol autrichien qui constitue un idéal décor de neige pour ce type de sujet, cette co-production anglo-américaine n'a pas un casting très relevé, mais les acteurs sont bien choisis : le néo-Zélandais Clive Revill joue à la perfection l'agent retiré du circuit, l'Allemand Anton Diffring qui a joué à Hollywood de nombreux officiers nazis, incarne encore une fois un agent est-Allemand, et la Suédoise Britt Ekland apporte son charme juvénile (25 ans à l'époque) même si elle n'est pas toujours bien utilisée. Voici donc un divertissement de qualité qui gagne à être redécouvert.