Célébrant le fameux 1/4 d'heure de célébrité d'Andy Warhol, Lattuada signe une inattendue et brillante satire qui est peut-être encore plus d'actualité aujourd'hui que lors de sa sortie (aliénation de la société de consommation, burn-out, désir d'être sous les projecteurs, égocentrisme anticipant les réseaux sociaux, sentiment de déclassement, besoin de trouver un coupable à sa situation...).
Le scénario est mené tambour battant avec une réelle acuité dans les monologues et l'évolution du personnage parfaitement incarné par Giancarlo Giannini qui traîne sa rancœur dépressive à l'écran avec juste ce qu'il faut de folie et de pathétisme. Lattuada nous plonge directement dans sa peau et ses pensées en optant pour une voix-off jamais envahissante et surtout pour un montage soutenu avec des plans assez courts qui sont un reflet de l'instabilité de son protagoniste.
Ca s'accélère encore quand Giannini improvise les indices l'incriminant dans une séquence géniale et alerte avant que ce dernier ne cherche à attirer l'attention sur lui en passant pour un suspect maniaque et fétichiste. Bref, durant une bonne heure, nous sommes face à une comédie endiablée, diablement construite et aux rouages impeccables.
Le dernier tiers, sans être décevant, ne parvient toutefois par à conserver cette qualité dans des séquences trop longues, trop prévisibles qui perdent en mordant, sans doute car cette fois Giancarlo Giannini est davantage passif. L'escapade en Suisse, la traque dans la casse de voitures ou le procès final ne fonctionne ainsi par autant qu'on aurait pu l'espérer. Peut-être aurait-il fallut couper quelques péripéties pour ne pas baisser le rythme.
Je pinaille car en l'état, c'est un petit joyau méconnu à redécouvrir.