La Guerre des boutons par HugoShapiro
Il n'a échappé à personne qu'il y'a eu deux adaptations du livre de Louis Pergaud cette année. Et qu'au delà de La Guerre des Boutons qu'ils narrent chacun, il s'agit la d'une véritable guerre de producteurs, jouant au jeu de celui qui pisse le plus loin.
Notamment en décalant les dates de sorties.
La Guerre des Boutons de Yann Samuell est à ce titre, un gachis.
Tout dans le film laisse transparaitre une fabrication bâclée pour aller tacler le voisin.
Le montage est bien trop aléatoire, les mauvais cadrages subsistent.
Très souvent, le film de Samuell pourrait donner des boutons par un manque de cohérence et de ligne directrice. Il part un peu dans tout les sens et cela est bien dommage quand on a que moins de 2h pour le faire.
La vérité est que Samuell en a rien à foutre de la Guerre des Boutons.
Il s'en bat les couilles de filmer des batailles de gamins archaïques. Ce qui l'intéresse en revanche, c'est ce qu'il va pouvoir raconter des années 50 aux enfants d'aujourd'hui.
De la condition des femmes ou malgré le droit de vote récemment accordé pour elles, elles se voient destinées encore qu'à n'être des mères au foyer.
De montrer que l'école est une chance et que beaucoup n'y ont pas accès de par leur entrée précoce dans le monde du travail.
Et surtout que la plus belle façon de gagner une guerre est finalement de l'abandonner.
Il est rare de voir un propos aussi riche destiné aux enfants de nos jours, mais cela finit par paralyser bien vite le métrage qui se voit encombré de scènes trop lourdes bien qu'intéressantes.
L'exemple le plus flagrant est la scène ou un ancien chef de la bande de Longevernes revient de la Guerre d'Algérie et raconte comment la mort, due à une erreur de l'artillerie française, d'un de ses frères de combat venant de Velrans, l'a traumatisé.
Même si c'est osé de parler d'un conflit très souvent évité dans le cinéma dans un film tout publics (et d'en plus remettre en cause l'armée française), la scène arrive comme un cheveu dans la soupe et demeure très mal faite.
Je passe aussi sur les faux suspenses maladroitement résolus, comme le coup de l'inspectrice du college de Montauban, et la mère de Lebrac, changeant d'avis sur son fils de façon tout à fait inopinée.
Cependant, le film arrive à opérer une certaine séduction.
Son ton résolument lumineux et enfantin, son humour malicieux et ses jeunes acteurs tout aussi incroyables les uns que les autres, arrivent à porter le film dans ses moments les plus lourds.
Même Fred Testot arrive à éviter de faire du "SAV des émissions" bis, et fait un vrai rôle bien composé et reste hilarant.
Mais la ou le film devient magique, c'est dans sa dernière scène touchante au possible, qui est peut être une des plus belles scènes d'adieu qu'on aie eu dans notre cinéma, car vue à hauteur d'enfant et soutenue par une partition de Klaus Badelt magnifique.
Qu'on se le dise La guerre des Boutons passe a coté d'être un grand film qui aurait pu autant divertir les chères têtes blondes que les instruire et les émouvoir. Malheureusement, sa fabrication hâtive, en fait une curiosité mal montée et s'emmelant dans ses propres fils scénaristiques.
A voir tout de même.