Quand la Chine s'anime

L'amateur d'animation sans frontières doit sans doute s'estimer heureux que l'on permette à des films « exotiques » comme La Guerre des Dieux de se frayer un chemin vers le grand écran. Et même s'il ne s'agit que de sorties techniques, comme aujourd'hui, ou encore lâchées en rase campagne sans publicité alors que les salles étaient désertées, comme White Snake en début d'année 2022.

Il doit aussi s'estimer heureux qu'on ne traite sa passion que par dessus la jambe, quand des suites ou des épisodes inauguraux ne sont disponibles que sur des plate-formes de streaming, et ce sans aucune logique.

Mais il ne faut malheureusement plus s'étonner de rien dans un pays qui ne cesse pourtant de se goberger avec son exception culturelle française pour mieux mépriser en retour celle qui vient d'ailleurs. Car ce n'est pas grave, après tout : ce n'est que chinois...

Cela ne peut être que mineur... Et agressif politiquement.

Et si jamais cela se montrait spectaculaire, ce ne serait que de l'épate et de l'esbroufe, ou entre les deux. Voire même, histoire de se montrer bien condescendant, qu'un jeu vidéo.

Mais la qualité première de La Guerre des Dieux, c'est d'immerger son spectateur dans un incroyable univers d'une richesse qui éclabousse l'écran et traversé de multiples influences cosmopolites balançant entre le jazzy de Cowboy Bebop, le western ou encore une touche de rétro futurisme immédiatement séduisante.

Entre décors enchanteurs et mythologie orientale que l'on a de cesse de vouloir découvrir, La Guerre des Dieux raconte une jolie histoire classique sublimant ses enjeux en passant de la traque de chasseurs de primes vers la sauvegarde de l'équilibre d'un univers ou hommes et dieux cohabitent via les légendes d'un autre temps. Mises en scène de manière toujours dynamique et virevoltante par un réalisateur qui a tout compris de son matériau et de la manière de le mettre à portée de chacun.

La Guerre des Dieux orchestre une magnifique odyssée dans son univers légendaire qui fait que, deux heures durant, le spectateur se trouve emporté dans un tourbillon esthétique et cinétique captivant et dépaysant, qui fait souffler un vent nouveau sur ce qui est habituellement proposé pour illustrer ce que peut être l'animation en France. Et si en plus, le film s'affirme au niveau de l'inventivité en offrant par exemple un climax représenté tel un lavis ancien que l'on jurerait issu de Okami, nul doute que la Chine réussira à faire entendre sa voix et sa culture au niveau international pour servir un genre cinématographique devenu ultra concurrentiel.

Behind_the_Mask, qui préfère manger chinois que chez toi.