Cette "Guerre des Mondes" commence bien, confirmant la maturité d'un Spielberg, capable de renouveler ses thèmes (Comment être père ? Comment préserver l'innocence de l'enfance ?) au sein d'un vrai contexte politique contemporain à sa réalisation : cette "Guerre des Mondes" parle de la peur immonde face à la violence aveugle (le 11 Septembre qui était encore dans toutes les mémoires, mais aussi l'Holocauste, superbement évoqué dans les meilleures scènes du film, telle celle du train en flammes traversant la nuit), et mettant en scène une fuite éperdue, réfutant totalement le bellicisme arrogant des néo-cons.
La scène, éprouvante de longueur et de tension, de la rencontre dans sa cave d'un "résistant", suivi de son meurtre, reprend directement un chapitre du livre de H. G. Wells, au risque, assumé, de choquer le spectateur. Il est dommage ensuite que Spielberg sacrifie aux stéréotypes qu'il avait si joliment évités jusque là, de la scène d'héroïsme déplacé qui voit Tom Cruise faire du Tom Cruise, au happy end des retrouvailles familiales, ridicule et contre-productif...
A noter que le visionnage "distancié" à la maison permet de diminuer l'impact émotionnel des scènes de destruction - véritablement hallucinantes de réalisme sur grand écran (Spielberg avait clairement envisagé son film plus comme un "film de guerre" qu'un blockbuster spectaculaire !) - pour mieux apprécier le travail de la mise en scène et de la direction d'acteurs, du grand réalisateur qu'est devenu Spielberg en 2005.
[Critique écrite en 2020, à partir de notes datant de 2005 et 2006]