Parfois je vous comprends pas les gars, et je dis ça alors que il y a encore deux jours je pensais encore comme la majorité ici présent. Je l'ai vu au cinéma il y a 10 ans maintenant et je suis sans doute passé à côté du truc qui m'avait seulement laissé un souvenir sympathique, poussif par moment et dans l'ensemble dispensable.
Depuis quelques semaines, je me fais violence avec des oeuvres vues il y a 10 ou 15 ans pour lesquelles je n'avais peut être pas encore l'implication que j'ai à présent quand je regarde un film et l'attention portée au détail. Sans aller dans l'intellectualisation de chaque scène pour en découvrir le sens caché, prendre l'ensemble d'un récit, se poser et réfléchir à ce que je viens de voir fait désormais parti des raisons qui font que le cinéma continuera de me faire rêver dans les prochaines années.
Parenthèse mise à part, en 2005 Spielberg avec sa Guerre des mondes explose littéralement la concurrence avec un parti pris totalement à l'opposé des codes du blockbuster. Mutisme, scènes d'actions maîtrisées, atmosphère lancinante, contrairement à certains réalisateurs qui avec de gros sabots pensent que l’enchaînement d'immeubles en feu et qu'une maison blanche qui se consume gratuitement vont foutre une claque au spectateur. A ceux là, je vous dis, prenez deux heures et savourez de quelle façon on peut instaurer une certaine terreur, une impuissance totale face à une apparition hors de portée, et avec quelle précision on peut rendre le tout grandiose lors de scènes époustouflantes qui contrastent avec le calme d'un regard totalement perdu face à l'immensité de la chose.
Ce regard, c'est celui de Tom Tom protagoniste auquel on sera forcé de s'identifier, car c'est aussi ça la force du film, oubliez les innombrables discours entre militaires et président pour discuter de la stratégie à adopter, pas de reportages TV pour montrer l'effroi avec un hélicoptère qui finir par couler et sa caméra qui se brouille, ni de petites lumières sur une map monde qui s'éteindraient au fur et à mesure pour montrer que le monde entier est touché. Un seul homme, pas un héros, pas un sauveur du monde, mais tout ce qu'il y a de plus imparfait,. Père divorcé présenté comme un égoïste au look d'éternel adolescent,qui semble en quelques minutes passées en sa compagnie, directement responsable de l'échec de son mariage.
Et à partir de là, j'ai été complètement soufflé par un spectacle d'ensemble hallucinant, les effets spéciaux qui une nouvelle fois font intégralement partis du show et qui comme avec Jurassic Park et ces 15 minutes de présence de Dinosaures font mouche lors de chaque scène d'action. Tous les maux du dernier siècle sont ainsi condensés en deux heures en utilisant en toile de fond les extraterrestres qui servent finalement de prétextes pour y glisser différents messages. C'est une mise en scène magistrale plongée dans une oeuvre très personnelle, c'est du divertissement dans son emballage qui ne cherche qu'à déverser des pistes de réflexion lucides et ingénieuses.
Avec sa photographie somptueuse et cette lumière grisâtre qui donne au film ce ton si déprimant face à l’oppression d'un ennemi invulnérable, Spielberg parvient une énième fois à se renouveler en réinventant le genre et c'est d'autant plus intéressant que de le regarder après son Rencontre du troisième type pour y lire l'évolution de son cinéma.
La Guerre des mondes est une véritable onde de choc, extrêmement riche qui mérite plusieurs visionnages à mon sens pour être apprécié à sa juste valeur, faites moi plaisir et redonnez lui une chance, je donnerai tout personnellement pour retrouver un blockbuster de cette trempe.