"La Guerre des Mondes" est un de mes films préférés et un des meilleurs films de Steven Spielberg. Dès l'introduction le film annonce beaucoup plus qu'un simple film-catastrophe, avec une voix-off qui rend hommage à la littérature de science-fiction paranoïaque des années 50 et des images de foules, de civilisations qu'on croirait sorties d'un épisode de "La Quatrième Dimension". Il n'y a pas de bons sentiments, pas d'héroïsme stupide, pas de patriotisme, mais une véritable réflexion sur la place de l'humanité sur Terre, sur le sens que nous donnons à notre civilisation et les peurs que nous avons nous même cristallisées sur notre société. De plus, cette réflexion n'est pas posée lourdement. Elle se propage à travers les comportements, les réactions, des bribes de dialogues, et surtout à travers le personnage de Tom Cruise, prêt à tout pour sauver sa fille. Il n'y a pas une scène en trop dans cette course poursuite de 2 heures, rien que des scènes vibrantes, effrayantes ou émouvantes sans qu'aucun effet ne soit appuyé. Tout le mérite revient à la mise en scène de Spielberg, qui sait se rendre invisible aux bons moments, et distiller ses effets de style avec une parcimonie qui les rend d'autant plus efficaces. Il y a d'innombrables trouvailles de mise en scène admirables qui jouent avec les nerfs du spectateur sans que jamais l'on ne se sente manipulé. Mais s'il n'y avait qu'une scène à garder, je garderais peut-être celle où Tom Cruise monte sur la colline pour découvrir ce que les extraterrestres ont l'intention de faire des hommes : une des visions les plus glaçantes mais étrangement une des plus poétiques que j'ai vues dans un film.