Beau succès commercial à sa sortie (1.8 millions d'entrées en 1979), La guerre des polices met en scène la compétition entre deux services de police français pour capturer Sarlat, l'ennemi public n°1 du moment. Le projet est à la fois ambitieux et mineur, dans le sens où malgré ses efforts et ses effets (payants), il tient pour l'essentiel de la variation docile dans le genre, tutoie un esprit 'roman de gare' au vernis 'film noir'. L'air de rien, c'est tout de même l'équivalent français, en terme de retentissement, du Fugitif américain (1993), du moins jusqu'au Quai des Orfèvres de Dahan (2004).
Second film de Robin Davis (débutant comme assistant-réalisateur de Georges Lautner, pour 6 films dont Le Pacha) La guerre des polices est un produit 'expert' et superficiel, conçu pour régaler les habitués, prompt à divertir tous ceux qui s'y autoriseront. Il a deux atouts principaux : l'ambiance et les acteurs. Une actrice fameuse de l'époque (Marlène Jobert) occupe la fonction de tierce personne égayant le choc de deux titans de chair et d'os. À la tête de la brigade territoriale, Claude Rich dans la peau du sadique, un méchant avec ses manières. La réalisation souligne son inhumanité présumée, montre son dédain pour les joies simples des autres, y compris ceux sous son commandement. En face pour l'antigang, Claude Brasseur interprète le briscard, le brave homme, bourrin et souple à la fois, loyal dans tous les cas.
Ces deux ennemis ont toutefois en commun une attitude très 'intériorisée' balancée par leur goût de l'action et une tendance à outrepasser les règles tout en honorant leurs missions. Ils s'affrontent dans les Paris des bas-fonds et des plaisirs, des petits et des commerçants d'arrière-boutiques. Autour d'eux se meuvent des personnages peu dégrossis, mais taillés pour l'action et flatter le style. Ça 'claque' même quand au fond les punchline sont un peu miteuses. La BO (notamment à base de jazz) relève d'un swagg de son temps, ou plutôt de la décennie des 80s à venir. Le meilleur est du côté des éclairages et leur aptitude à transcender les décors et extérioriser une foule de tensions que le scénario est nettement moins éloquent à traiter. L'épaisseur vient par paliers, les petites foucades sous contrôle égayent la séance.
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