Une note moyenne pour un tel film ressemble à une hérésie tant ses qualités et ses défauts semblent vertigineux. Même si faire de l'eau tiède avec des éléments aussi brûlants et glacial est finalement logique.
La principale (et essentielle ?) qualité de ce film réside dans le traitement du sujet. Ce traitement ne serait d'ailleurs peu passionnant s'il n'était issu d'une expérience vécue. Purement fictionnelle et on aurait toutes les peines du monde à croire et accrocher à une telle histoire.
L'attitude adoptée par ces parents face à la terrible maladie de leur jeune enfant est à la fois étonnante et pleine de force. Roméo et Juliette sont souvent surprenants face à l'adversité et sont à l'origine de situations décalées, qui se transforment (parfois, mais rarement) en vrais moments de charme.
Car c'est à la fois une force et une terrible faiblesse: une histoire vécue (même fictionnée) si incroyable ou sensationnelle soit-elle est-elle forcément la base d'un bon film ? Tout dépend, belle lapalissade, de ce qui techniquement le constitue
Et ici deux écueils immenses, des abimes de perplexité nous font face.
Ce film n'a aucun rythme. Ce qui a charmé par sa fraicheur certaines critiques sérieuses (je veux dire de ces gens qui ont un vrai bagage cinématographique, d'énormes références, sont payés et publiés dans des journaux) m'apparait moi comme un défaut à la limite de l'insupportable. Les séquences s'enchainent sans la moindre continuité. Tantôt une voix off inutile ou redondante survient pendant quelques minutes avant de disparaitre les vingt minutes suivantes (avant de réapparaître dans des conditions toutes aussi nébuleuses), tantôt nous voilà plongés dans une comédie musicale arrivant comme un cheveux sur la soupe, tantôt c'est caméra à l'épaule provoquant un sentiment de stupeur et d'interrogation quant au sentiment recherché, tantôt, tantôt, tantôt... Bref, aucune unité de style, on a l'impression de voir un collage de clips réalisés par une troupe de réalisateurs débutants différents.
Mais ceci n'est presque rien par rapport au jeu d'acteur. Ce dernier est pour le moins... surprenant lui aussi. Certaines scènes vous font littéralement bondir de votre fauteuil tant elles sont mal écrites et/ou desservies par une interprétation catastrophique. La palme revenant, cela a été écrit peu près partout, à Jérémie Elkaïm, à la fois capable d'être charmant et totalement pitoyable. Un chaud/froid peu à l'image du film.
Au final, un bricolage bancal dont le succès critique et public laisse au cœur du cinéma français déjà patraque un goût curieux. A l'image de certaines de ses scènes, le retentissement de "la guerre est déclarée" provoque un sentiment gênant, pas loin de l'embarrassant.