Découvrir La Guerre est Déclarée c'est comme regarder une petite pétasse de treize ans jouer aux SIMs pendant cent précieuses minutes.
Alors ses personnages sont vides de traits. Le monde n'existe que pour eux : les plus grands hôpitaux de Paris et Marseille sont vides quand ils sont dedans. Quand ils tombent amoureux c'est au pif, d'ailleurs un figurant envoie une simple claque à la gonzesse... Ensuite ils passent UNE SEULE journée ensemble avant d'obtenir un bébé ( ou alors ils ne se sont pas changé pendant des semaines... )
J'ai ri comme un fou, au grand dam de ma voisine de droite.
Et qu'est-ce qu'on pourrait faire pour briser la monotonie ? Ah bah tiens, je vous le donne Emile, le bébé il va avoir une tumeur au cerveau ! C'est vachement cool non ? Ça injecte du drame et tout !
Le problème ne vient pas du mode de fabrication, mais de la réception.
A quotient émotionnel égal, les gens aiment ce pauvre film, parce qu'ils confondent encore sujet et propos, et que le moindre postillon craché sur un "film fort" est passible de délit de sale-goût !
Une ligne de dialogue va éclairer toute la pauvreté intellectuelle du film :
" Alors je te préviens : pas question d'aller chercher des trucs médicaux sur internet ! "
Pourquoi ? Parce que sinon, ça forcera la scénariste a effectuer les mêmes recherches, histoire d'être crédible. Résultat, on a droit à une demie heure de pure connerie en matière de pédiatrie. A trois semaines, le bébé pleure ? C'est les dents... A dix-huit mois, il vomit ? C'est les dents... ( à mon avis, s'il vomit c'est parce qu'il a vu le film. )
La pédiatre qui conseille d'espacer les repas progressivement lorsque l'enfant n'a que trois semaines, c'est rien qu'une CONNE. Ensuite, dix-huit mois plus tard elle est face à un enfant qui ne se tient pas debout et n'essaye même pas d'engager la conversation, non c'est bon il est parfait, oh attendez voir, il a une joue gonflée emmenez-le en urgence pédiatrique !
Quand on voit les images de l'IRM, la tumeur a la taille d'une balle de ping-pong, à cause de cette connasse qui n'a rien vu venir !
Mais bon, énumérer les bévues hospitalières ferait un article trop long.
Je voulais juste souligner pour Valérie l'absence totale de recherche sur le sujet de son propre film, que rien ne vient rendre cinématographique.
Penchez vous sur Lorenezo's Oil de George Miller, qui raconte la même histoire, mais George Miller a VRAIMENT fait des études de médecine, et le parcours des parents de l'enfant et UN MILLION de fois plus intéressant.
Ici, tout ce qu'on a à se mettre sous la dent c'est une grosse tranche de vie où tout bascule en trois jours ( qui composent 75% du métrage ) mais sans aucune bravoure, sans même un peu de dignité. Juste des SIMs qui se mettent à courir aléatoirement pour tromper l'ennui.
Et les efforts de Valérie pour rendre son entreprise "cinématographique" sont les plus vains. La photo est dégueulasse. Les scènes de chansons sont atroces, tant par le texte que par les surexpositions horribles. Les moments de drames personnels, je pense surtout au moment où elle court comme une dératée dans les couloirs déserts de l'hôpital, sont d'un comique irrésistible.
Donc jusqu'à présent, ni les idées, ni la construction dramaturgique ni la plastique ne valent un pet de lapin. Il reste l'interprétation qui est aléatoire. Ceux qui s'en sortent le mieux sont les seconds rôles récurrents, qui ont suffisamment de matière pour faire vivre les personnages, mais pas le temps de présence pour qu'on en vienne à les détester.
Les figurants de passage jouent TOUS très mal. Et le couple-star est à fusiller.
D'autant qu'ils sont servis par un scénario putride. Alors la Juliette elle a un rendez-vous pour un boulot à Marseille, donc elle emporte le petit pour le faire examiner par la même occasion. Or cette "même occasion" n'existe pas, puisqu'elle n'ira jamais à son rendez-vous. Et pendant ce temps, son Roméo décide de faire la peinture des murs avec son ami proto-gay en dansant ?? Pourquoi n'est-il pas allé à Marseille avec eux, s'il avait pas mieux à faire ? Pour finir dans la pire des Sean-Pennades que j'ai jamais vu quand il reçoit le coup de fil...
La Guerre est Déclarée n'est certainement pas le plus mauvais film de l'année, mais il a tout de même réussi à faire remonter le Terrence Malick d'un cran !