La guerre d'Espagne est finie mais le combat de la gauche espagnole contre la dictature franquiste dure encore, 30 ans après. C'est en somme que ce veut rappeler ce film politique d'Alains Resnais et Jorge Semprun à travers la lutte clandestine d'un groupe dont Yves Montand est, entre Espagne et France, un des acteurs anonymes.
A l'opposé des démonstrations détaillées d'un Costa-Gavras décrivant, de façon souvent spectaculaire et affective, tout un mécanisme politique, Resnais met en scène un récit austère et intimiste, essentiellement allusif dans la mesure où il élude totalement, au point de ne pas le citer, le camp franquiste, et que son personnage-témoin n'exprime pas toujours ses pensées ou sentiments. Cette approche en demi-teinte, c'est-à-dire dépassionnée et purement intellectuelle et stylistique, ainsi que le peu d'intérêt que j'ai porté à l'activiste que joue Yves Montand font que le film m'a semblé un pensum plutôt rébarbatif.
On aborde le film au moment où Diego-Montand semble douter de l'efficacité de sa lutte, du travail de fourmi qui tarde à porter ses fruits et qui ne justifie pas, peut-être, les risques encourus. Au travail clandestin de passages de tracts, d'organisation de grèves, ne faut-il pas préférer une autre forme d'action? En l'occurrence la lutte armée, comme le propose une jeunesse très radicale. La question est posée mais n'est pas, en l'état, captivante.