Voilà nous y sommes, critique sur La haine en bonne et due forme (non), comme à mon habitude je raconte ma vie, c'est à ça que ça sert une critique non ?
Alors revenons à une époque où le cinéma n'était pas encore la plus grande passion de ma vie, 31 mai 2005: 10 ans après la sortie du film (incroyable), 16 années passées sur Terre (osef), bref ma famille avec leurs déductions habituelles pour me faire des cadeaux "Tiens, on s'est dit que t'aimais bien Vincent Cassel, non ?"
Je me retrouve donc avec Le pacte des loups et La haine, et ce qu'ils ne savaient pas c'est que ça faisait très longtemps que je désirais le voir, mes motivations ? Ah bah dans pleins de morceaux de rap j'entendais des références à ce film, donc il faut que je le vois, c'est marrant ça a pas beaucoup changé aujourd'hui...
Bref, je me dis que ça fera en plus un film à voir pour un rdv galant-street avec Arïel et que pour une fois c'est moi qui lui ferait découvrir un film ! On lance donc l'œuvre de Kassovitz et là stupeur ! C'est en noir et blanc. Ah c'était pas seulement les illustrations au dos de la jaquette alors... Bon qu'à cela ne tienne, on va se mater un film en noir et blanc soyons fous. Ah et mes aïeux quel film ! À cette époque je me rendais pas forcément compte de quand je venais d'assister à un chef d'œuvre ou juste un bon film, avec le temps c'est venu forcément.
Après un énième visionnage de ce film, je sais que si je l'aime autant, si j'adhère vraiment à ce film, c'est pour son authenticité, j'ai dû voir une dizaine de films après qui se passaient en banlieue parisienne mais aucun n'avait l'âme de La haine. La plupart sont des ramassis de clichés sur les cités avec des jeunes qui ne savent pas aligner deux mots sans dire "wesh" et où l'on voit toujours les aspects négatifs de la vie en cité.
Ici il n'y a pas ce problème, toutes les facettes de la banlieue sont exprimées sans aucune condescendance. Bien sûr on ne suit pas les plus gros caïds de la cité, les 3 personnages principaux sont des mecs plutôt lambdas qui se cherchent et cherchent à trouver leurs places dans la société.
Saïd c'est un peu le rigolo de la bande, le bon pote qui te laissera jamais tomber, le mec qui ne cherche pas d'embrouilles si on ne le cherche pas et toujours prêt à partir dans des histoires sans fin.
Hubert c'est le grand frère, l'homme assagi qui voudrait partir de la misère mais qui n'y arrive pas, celui qui résout à vendre du shit pour aider sa famille, oui c'est sûrement Hubert le plus QLF des 3. Rien qu'à voir sa réaction lorsqu'un flic s'en prend à Saïd, c'est presque touchant.
Et enfin il y'a Vinz, l'élément perturbateur, le plus paumé des 3, toujours prêt à foutre la merde et révolté contre tout sans trop savoir pourquoi. À la fin de la journée, les 3 jeunes ne seront plus jamais les mêmes.
Le dernier jour du reste de ta vie
La haine se déroule sur 24 heures, le lendemain d'une soirée où des émeutes ont eu lieu, cette journée qui avait pourtant l'air banale va marquer nos trois protagonistes à jamais. Sans le savoir ils vont faire une sorte de parcours initiatique de la vie, traverser des épreuves où les gens vont les aider ou au contraire être contre eux, voir les aspects négatifs et positifs de chaque personne sur leurs chemins, mais sans jamais que ça soit explicite. C'est ce que j'aime tellement dans ce film, tout est naturel, personne ne se force, les dialogues sont d'une authenticité rare. J'aime quand Saïd est choqué qu'un flic l'ait vouvoyé, et puis une ou deux heures après qu'un autre flic le malmène au commissariat devant le regard choqué d'un nouvel arrivant au poste. J'aime les moments où ils galèrent et parlent de tout mais surtout de rien, les débats sans consistance comme qui défonce qui entre Pif et Hercule, etc, c'est tellement réaliste je trouve.
Comme dit précédemment, ce que je trouve bien c'est que ce film est anti-manichéen, il n'y a pas d'un côté les méchants flics qui tabassent tout ce qui bouge et de l'autre les jeunes innocents qui n'ont rien fait de mal, non, tout le monde en prend pour son grade et dévoile aussi des bonnes facettes, il y'a de l'amitié, du pardon, de la compassion et de la solidarité, noyés par la haine.
Vinz se rend compte que ce n'est pas si simple de tuer un être humain de sang froid, même avec des raisons obscures, même avec Hubert sur son épaule gauche qui lui souffle de tuer, cette scène est vraiment géniale et profonde, elle marque le tournant du film, Vinz prend enfin la vie au sérieux et n'est plus dans un jeu ou dans un film...
Je dirais que ce film me met une claque à chaque visionnage, je n'enlèverais rien et je n'ajouterais rien non plus, même la fin hyper frustrante je la trouve parfaite, pas besoin de savoir qui a tiré, qui est mort, juste savoir que la vie n'apprend rien, phrase réutilisée par Cassel dans Le monde est à toi, tu as beau avoir enfin compris certaines choses, tu n'es pas à l'abri de l'erreur et de la bêtise humaine...
Et sinon, Comment ils ont fait pour faire rentrer une voiture dans la salle ?! Y'a pas de porte assez grande !