Un film à voir ET à comprendre
Attention, spoilers.
Ce film n'est absolument pas le genre de film à aller voir en oubliant son cerveau, pour une raison du genre "je suis un mec de cité, eux aussi alors ça va être stylé"! On remarque en effet des gens qui sont attirés par le côté violent du film, le cadre urbain et défavorisé. Pour moi, ils n'ont pas compris l'intérêt de ce film.
Pour ce qui est des personnages, on a affaire à trois jeunes adultes. Saïd est un personnage drôle, mais il n'y a pas grand chose à déclarer sur lui. Hubert est le seul des trois qui a un bon fond, il agit comme un moraliste tout au long du film, et même s'il fait de mauvaises choses (comme le vol de voiture), il est le seul que l'on admire, il est sportif, plus intelligent que les deux autres, plus fort d'esprit mais surtout: il a un bien meilleur fond. Vinz est quant à lui un personnage très faible d'esprit. Il veut être fort, il veut passer pour quelqu'un qui n'a jamais peur de rien, c'est pourquoi il cherche toujours les ennuis, avec qui que ce soit. Il s'entraîne même devant son miroir à impressionner. Et le fait que ce soit lui qui ait trouvé l'arme est très intéressant puisqu'il est le plus instable. Ces trois profils ne sont pas faits pour rendre les personnages attachants, ils sont comme ils sont, parce que la réalisation se veut impartiale et parfaitement représentative du milieu urbain "pur".
La fin m'a laissé perplexe. Vinz qui a cherché tout le long du film à tirer sur quelqu'un pour se venger n'a pas le courage de le faire, et rend l'arme à Hubert qui essayait de le raisonner. Mais quand il se fait tuer par le policier, Hubert cherche à son tour à se venger, et on ne sait pas qui a tiré. J'ai d'abord trouvé la fin un peu facile, voire lâche. On ne sait pas qui a tiré, c'est à nous d'interpréter, très classique non? En réflechissant j'ai trouvé la réponse et elle était vraiment évidente. L'important, ce n'est pas qui a tiré le coup de feu, mais le coup de feu lui-même. Ce que ce film essaie de dénoncer, c'est la haine. Ce film S'APPELLE "La haine". Et comme il est dit et répété dans ce film, "la haine n'engendre que la haine". En prenant ce point de vue, la fin est grandiose et le film prend tout son sens.
Je n'ai que deux reproches à faire à ce film. Le premier est la lenteur de certaines scènes secondaires. Le second est que si le film est impartial sur les jeunes des cités, il ne l'est pas sur la police. Le réalisateur montre une jeunesse avec des qualités et des défauts, avec un oeil juste, mais à part une exception, il y a vraiment la notion de "méchants policiers", et je trouve ça vraiment dommage.